Un vent de liberté souffle sur la photographie française.
Las du carcan des commandes, avides de retrouver l’idée d’indépendance à l’origine du collectif Tendance Floue, ses membres décident de prendre la route. Cheminer, battre la campagne, vagabonder dans les villes sans parcours préétabli : nulle autre contrainte que d’avancer un peu chaque jour, transmettre ses impressions par l’image et les mots, puis passer le relais. Plus qu’une parenthèse, c’est une fenêtre ouverte que s’offrent là les photographes.
Tendance Floue a alors un peu plus de 25 ans. À hauteur d’homme, un quart de siècle. Un âge charnière où convergent maturité et liberté. Tout est possible : s’émanciper et parcourir le monde, définir et s’approprier un territoire, seul ou avec des amis. Alors, les membres du collectif convient d’autres photographes à partager l’expérience de la route avec eux. Avec Azimut, le collectif et la liberté prennent tout leur sens. L’un devient l’écho de l’autre.
La situation créée est totalement inédite : une marche relais de six mois, à laquelle prendront part quinze membres du groupe ainsi que seize photographes invités.
Les photographes :
Bertrand Meunier, Grégoire Eloy, Gilles Coulon, Meyer, Antoine Bruy, Pascal Aimar, Alain Willaume, Patrick Tournebœuf, Mat Jacob, Kourtney Roy, Pascal Dolémieux, Michel Bousquet, Julien Magre, Stéphane Lavoué, Léa Habourdin, Fred Stucin, Marine Lanier, Clémentine Schneidermann, Mouna Saboni, Guillaume Chauvin, Yann Merlin, Gabrielle Duplantier, Olivier Culmann, Bertrand Desprez, Julien Mignot, Thierry Ardouin, Yohanne Lamoulère, Marion Poussier, Denis Bourges, Flore-Aël Surun, Laure Flammarion et Nour Sabbagh
Aller sans but est le trait commun de l’aventure. Si le chemin est accessoire et la destination sans importance, restituer l’Azimut est la règle acceptée par tous. Un carnet Moleskine recueillant les notes est transmis de la main à la main comme un bâton de relais et constitue un fil rouge entre les photographes.
Être en marche ici c’est savoir s’arrêter pour écrire, commenter, exprimer ses angoisses, partager ses rencontres et parfois consigner ses rêves. Le chemin se raconte en photographies et en mots. Les réseaux sociaux sont les témoins quotidiens de leur avancée : chaque jour une photographie est publiée sur un fil Instagram et commentée par son auteur. Des cahiers auto publiés, quasi en temps réel, participent au partage et ancrent le projet dans sa temporalité.
Quand tant semble avoir été dit sur le paysage français en photographie, de la Mission héliographique [dès 1851] à France Territoire Liquide [2017] en passant par la DATAR [1984], et sans attendre la prochaine campagne du genre, Tendance Floue réinvente la méthode et sort des sentiers battus. Libre à chacun de trouver son chemin, au propre comme au figuré. Ou, pourquoi pas, se perdre et se rejoindre pour tracer peu à peu une cartographie instinctive des paysages traversés. Azimut est un regard libre sur le territoire au sens concret du terme, et une exploration d’autant de territoires intimes. Un sillon collectif où s’exprime chaque individualité.