AVEC NOUS LE DÉLUGE
Tourisme sans complexe – L’ Amérique engloutie – Des usines à légumes
Datazone est le nom qui désigne un espace imaginé, ponctué de villes immenses ou de déserts, reliés les uns aux autres par la promesse d’un destin compromis. Cette galaxie terrestre est la nôtre. C’est là que Philippe Chancel se rend, reporter sans journal, informant son imaginaire, recueillant des vues vertigineuses du futur.
Durant quinze ans, il a exploré des sites sensibles pour ausculter le monde et observer les symptômes les plus alarmants de son déclin. De la Chine aux États-Unis, en passant par l’Afrique et l’Europe, il dénonce des réalités souvent contradictoires de notre époque – cynisme des pouvoirs, saccages écologiques, fléaux naturels, spectacularisation du capitalisme, contrôle des individus, aveuglement religieux et ethnique, conflit de territoires. Faire œuvre de telle manière ne correspond à aucun genre identifié dans les pratiques photographiques. (suite…)
La politique des auteurs
Depuis six ans déjà, les équipes de Fisheye défendent une politique des auteurs – une notion héritée du 7e art que revendiquaient haut et fort les critiques et les réalisateurs de la Nouvelle Vague. Les photographes aussi sont des auteurs, et nous tenons une nouvelle fois ici à leur rendre hommage dans un dossier exceptionnel de 60 pages qui fait la part belle à l’image. Les dix artistes que nous publions ici ont, pour la plupart, déjà trouvé place dans notre magazine, sur notre site internet, ou sur les murs de notre galerie. Nous continuons à suivre leur travail et à les accompagner de notre soutien, parce qu’ils sont la ligne de force de nos activités. Ce sont ces femmes et ces hommes qui, par leur regard, nous donnent à voir le monde autrement. Ce sont elles et eux qui constituent la matière même de ces pages, et sans leur créativité et leur fidélité, nous ne serions pas là aujourd’hui.
ARLES 50 ANS DE RENCONTRES
Cinquante ans de mariage entre la photo,Arles et le reste du monde, cela mérite un anniversaire exceptionnel.À 50 ans, les noces sont d’or, ce qui peut sembler un peu banal ou entendu. Mais ce qui se passe à Arles depuis cinquante ans n’a rien de banal ou d’entendu. Qui aurait imaginé qu’une ville empreinte des tourments post-industriels, envahie de moustiques et loin des circuits habituels de la Provence glamour, devienne la capitale mondiale de la photographie ?
Cette troisième édition du Photobook présente le meilleur des travaux des photographes publiés sur fisheyemagazine.fr l’an passé. Depuis maintenant six ans, la rédaction web de Fisheye défriche des milliers de pages pour trouver des auteurs qui produisent de belles images, qui sont aussi capables de décrypter la société.
Le noir et blanc réinventé
On le croyait obsolète, désuet, réservé aux nostalgiques… il n’en est rien! Le retour de l’argentique, le goût pour les procédés anciens, le désir d’expressivité, le renouvellement d’un certain classicisme, ou son inscription dans des démarches contemporaines constituent autant de voies que les photographes défrichent pour réinventer le noir et blanc.
Évanescent et puissant, épique et onirique, précis et vaporeux, le monochrome permet un large champ des possibles, du reportage à l’art en passant par la mode ou le portrait. Il aimante nos likes sur Instagram, et constitue la majorité des ventes dans les foires de photographie contemporaine majeures. Il permet de se concentrer sur l’essentiel et d’échapper à la distraction, souvent marketing, des couleurs. Le cadre, la lumière, le sujet, la matière. Surtout la matière. Le noir et blanc porte un substrat physique dans son essence même. Du sel d’argent au charbon, la profondeur des noirs nous subjugue toujours autant. En explorant ce thème rebattu, Fisheye n’a évidemment pas choisi une voie classique ou attendue. En réunissant des auteurs contemporains autour de leur pratique, nous avons dessiné une carte qui permet de naviguer dans ce monde à part.
«Décembre 1972 […] Nous visitons un camp de réfugiés installé sur une ancienne base militaire américaine de Da Nang. Sur la porte d’une cabane faite de bric et de broc, un tag maladroit : Forget ME Not. […] Quarante-cinq ans plus tard […] je me dis qu’il est temps que moi aussi j’inscrive « Forget ME Not » quelque part. Je me plonge alors dans mes planches-contacts, heureux de raviver mes souvenirs à mesure que défilent les bandes de négatifs, émerveillé de découvrir quelques pépites qui n’avaient pas retenu mon attention lors de l’editing de 1972. » (suite…)
ORIENT EXTRÊME
C’est un continent-usine, un labo du futur. L’Asie abrite un quart de la population mondiale. Des hommes surveillés, ultra-connectés, transformés par la science, mais au fond, terriblement seuls.
Amérique latine, révolution permanente
Difficile de mettre dans le même sac les dix-huit pays qui constituent ce que l’on nomme « Amérique latine ». Cette appellation trouve son origine dans les langues parlées dans cette partie du Nouveau Monde : espagnol, portugais – et français, en comptant Haïti. Une vision postcoloniale qui est fortement remise en cause par toute une génération de photographes, comme le rappelle la partie historique de ce dossier.
La création photographique contemporaine conserve en grande partie une dimension politique et sociale. Les photographes latino-américains témoignent avec force des différentes convulsions qui soulèvent leur continent depuis plusieurs années,et leurs productions s’incarnent fréquemment dans des éditions originales, comme le démontre notre enquête sur les fotolibros. Sans avoir la prétention d’être exhaustive sur un continent si vaste et des pratiques aussi diverses, l’équipe de Fisheye s’est mobilisée pour vous proposer une sélection de onze auteurs qui nous ont paru emblématiques de cette nouvelle génération d’artistes.
Correspondances, photographes & écrivains se répondent
Pour réaliser ce dossier, nous avons sollicité de nombreux auteurs pour qu’ils nous livrent leur éclairage, leur regard et leurs mots sur ce jeu de miroir entre image et littérature. Les écrivains Arnaud Cathrine, Anne-Marie Garat, Christian Garcin et Dominique Fabre ont réagi chacun à leur manière devant une photo que nous leur avons proposée. De même que nous avons interrogé plusieurs photographes sur leur rapport à la littérature à partir de leurs images. Certains auteurs sont difficiles à classer tant leurs productions oscillent entre les deux écritures. Patrick Bard, photographe-écrivain-voyageur, nous explique ainsi comment l’œuvre de Nicolas Bouvier a nourri ses pratiques ; Amaury da Cunha nous propose, lui, un portfolio de ses nouvelles images mises en regard avec ses textes ; enfin Franck Courtès évoque comment son parcours de portraitiste a basculé du côté de l’écrit pour le conduire à publier plusieurs romans, dont La Dernière Photo en 2018.