Cette troisième édition du Photobook présente le meilleur des travaux des photographes publiés sur fisheyemagazine.fr l’an passé. Depuis maintenant six ans, la rédaction web de Fisheye défriche des milliers de pages pour trouver des auteurs qui produisent de belles images, qui sont aussi capables de décrypter la société.
Le noir et blanc réinventé
On le croyait obsolète, désuet, réservé aux nostalgiques… il n’en est rien! Le retour de l’argentique, le goût pour les procédés anciens, le désir d’expressivité, le renouvellement d’un certain classicisme, ou son inscription dans des démarches contemporaines constituent autant de voies que les photographes défrichent pour réinventer le noir et blanc.
Évanescent et puissant, épique et onirique, précis et vaporeux, le monochrome permet un large champ des possibles, du reportage à l’art en passant par la mode ou le portrait. Il aimante nos likes sur Instagram, et constitue la majorité des ventes dans les foires de photographie contemporaine majeures. Il permet de se concentrer sur l’essentiel et d’échapper à la distraction, souvent marketing, des couleurs. Le cadre, la lumière, le sujet, la matière. Surtout la matière. Le noir et blanc porte un substrat physique dans son essence même. Du sel d’argent au charbon, la profondeur des noirs nous subjugue toujours autant. En explorant ce thème rebattu, Fisheye n’a évidemment pas choisi une voie classique ou attendue. En réunissant des auteurs contemporains autour de leur pratique, nous avons dessiné une carte qui permet de naviguer dans ce monde à part.
«Décembre 1972 […] Nous visitons un camp de réfugiés installé sur une ancienne base militaire américaine de Da Nang. Sur la porte d’une cabane faite de bric et de broc, un tag maladroit : Forget ME Not. […] Quarante-cinq ans plus tard […] je me dis qu’il est temps que moi aussi j’inscrive « Forget ME Not » quelque part. Je me plonge alors dans mes planches-contacts, heureux de raviver mes souvenirs à mesure que défilent les bandes de négatifs, émerveillé de découvrir quelques pépites qui n’avaient pas retenu mon attention lors de l’editing de 1972. » (suite…)
ORIENT EXTRÊME
C’est un continent-usine, un labo du futur. L’Asie abrite un quart de la population mondiale. Des hommes surveillés, ultra-connectés, transformés par la science, mais au fond, terriblement seuls.
Amérique latine, révolution permanente
Difficile de mettre dans le même sac les dix-huit pays qui constituent ce que l’on nomme « Amérique latine ». Cette appellation trouve son origine dans les langues parlées dans cette partie du Nouveau Monde : espagnol, portugais – et français, en comptant Haïti. Une vision postcoloniale qui est fortement remise en cause par toute une génération de photographes, comme le rappelle la partie historique de ce dossier.
La création photographique contemporaine conserve en grande partie une dimension politique et sociale. Les photographes latino-américains témoignent avec force des différentes convulsions qui soulèvent leur continent depuis plusieurs années,et leurs productions s’incarnent fréquemment dans des éditions originales, comme le démontre notre enquête sur les fotolibros. Sans avoir la prétention d’être exhaustive sur un continent si vaste et des pratiques aussi diverses, l’équipe de Fisheye s’est mobilisée pour vous proposer une sélection de onze auteurs qui nous ont paru emblématiques de cette nouvelle génération d’artistes.
Correspondances, photographes & écrivains se répondent
Pour réaliser ce dossier, nous avons sollicité de nombreux auteurs pour qu’ils nous livrent leur éclairage, leur regard et leurs mots sur ce jeu de miroir entre image et littérature. Les écrivains Arnaud Cathrine, Anne-Marie Garat, Christian Garcin et Dominique Fabre ont réagi chacun à leur manière devant une photo que nous leur avons proposée. De même que nous avons interrogé plusieurs photographes sur leur rapport à la littérature à partir de leurs images. Certains auteurs sont difficiles à classer tant leurs productions oscillent entre les deux écritures. Patrick Bard, photographe-écrivain-voyageur, nous explique ainsi comment l’œuvre de Nicolas Bouvier a nourri ses pratiques ; Amaury da Cunha nous propose, lui, un portfolio de ses nouvelles images mises en regard avec ses textes ; enfin Franck Courtès évoque comment son parcours de portraitiste a basculé du côté de l’écrit pour le conduire à publier plusieurs romans, dont La Dernière Photo en 2018.
NAISSANCE D’UNE INGÉNIERIE CULTURELLE
40 ANS DE PROJETS CULTURELS ET URBAINS EN EUROPE ET EN AFRIQUE
« Le monde propre n’existe pas. Il a besoin de passions, de pulsions, d’élans irrépressibles de vie, de déraison. Il faut se serrer dans les bras de Dionysos et s’en détacher pour saluer Apollon, le beau raisonnable. S’il n’y a pas de simulacre de la guerre, il y a la guerre. S’il n’y a pas de simulacre de mort, on devient passif et aveugle devant la mort de l’Autre… » [extrait] (suite…)
Depuis 1998, les jurys de la Bourse du Talent ont révélé plusieurs générations de photographes, dont la pluralité des approches invite à regarder autrement la société contemporaine. D’année en année se dessinent de nouvelles pistes visuelles qui interrogent ainsi l’évolution et la perception du médium photographique, tant d’un point de vue technique qu’artistique. (suite…)
LES FEMMES QUI FONT LA PHOTO
Existe-t-il un regard de femme? Faut-il imposer des quotas dans les manifestations culturelles pour compenser la sous-exposition des femmes photographes, pourtant majoritaires à la sortie des écoles photo? Doit-on mettre en place une discrimination positive ? Autant de questions auxquelles répondent une dizaine de femmes engagées dans le milieu de la photo aujourd’hui, en France. Elles sont curatrices indépendantes, galeristes, éditrice photo, responsable au ministère de la Culture… Leurs points de vue permettent d’aborder avec finesse des sujets qui traversent actuellement le milieu de la photographie, et qui seront développés lors de plusieurs tables rondes à Paris Photo, entre autres. (suite…)
Le père de Charlotte Abramow est un personnage atypique et excentrique, un médecin et un rêveur. Suite à un cancer et à un coma qui lui laissera des séquelles neurologiques, il doit tout réapprendre et ne sera plus le même, vivant dans son monde intérieur. Mais ce personnage fantasque entretient avec sa fille une relation complice. Et les progrès dans la rémission de Maurice, vécus comme une véritable renaissance, seront une formidable source d’énergie pour Charlotte afin de mener à bien ce projet devenu comme un jeu photographique entre un père et sa fille. Le surréalisme affleure dans plusieurs des images qui, loin de nous enfoncer dans un pathos douloureux, nous transportent dans un monde parallèle, léger et réjouissant. Sous la forme d’un conte, Charlotte remet en scène son père en studio dans des tableaux métaphoriques qui composent sept chapitres : le coma, la chambre, la désorientation, le langage, le royaume, l’entretien surréaliste, le prochain monde. Ce conte ne traduit pas une volonté de comprendre ce mystère, mais de lui rendre hommage. (suite…)