La MEP présente « Coco Capitán : Busy Living », la première exposition institutionnelle en France d’une des artistes les plus accomplies de sa génération.
Très tôt engagée dans l’univers de la mode, Coco Capitán acquiert rapidement une notoriété internationale. Saisissant souvent ses modèles dans des poses incongrues, elle réinvente le rapport au corps dans l’imagerie de la mode, avec son regard singulier et décalé, pour de nombreuses marques de luxe, tel que Gucci.
Mais son travail est beaucoup plus vaste : à seulement 26 ans, Coco Capitán est une artiste déjà accomplie, l’une des plus prolifiques de sa génération, qui allie la photographie, la peinture et les performances à un travail éditorial constitué de slogans et d’aphorismes. Ainsi, à travers cette première grande exposition institutionnelle en France de l’artiste, la MEP offre un large panorama de sa démarche artistique.
Avec près de 150 œuvres – photographies, peintures et textes inédits – l’exposition “Busy Living” révèle la sensibilité instinctive de l’artiste pour les problématiques sociales contemporaines ; elle passe au crible les liens entre réalité et perception, entre beauté et subversion. Elle diffuse ses aphorismes via ses réseaux sociaux et les reproduit sur des toiles peintes, nous lançant l’injonction de vivre dans un “ici et maintenant”, alors même que nous sommes constamment incités à vivre dans la projection du lendemain.
Construite comme un parcours immersif dans l’univers de l’artiste, l’exposition “Busy Living” traverse tout d’abord un espace où plusieurs séries se croisent, rassemblées de façon chromatique. Puis les nombreuses séries exposées font prendre la mesure de son œuvre : “Highway to disappearance and other death-related anxieties”, composée de paysages de l’ouest américain saisis à l’été 2017, révèle des infrastructures à l’abandon et intègre la réflexion métaphorique du cycle de la vie. Les installations, les photographies et les peintures évocatrices de la série “Art and commerce after the Big Pop” , notamment autour de canettes de Coca-Cola, révèlent le regard critique de l’artiste sur la société de consommation et traduisent une vraie filiation avec le courant Pop Art, que Coco Capitán renomme Big Pop.
Fidèle également à son intérêt pour la représentation et la perception du corps, des photographies de mode “sans la mode” (série “fashion wihout fashion”) font partie intégrante de l’exposition et proposent une réflexion renouvelée des conventions habituelles de l’imagerie de la mode.
Ce sont encore d’autres corps, ceux des membres de l’équipe olympique espagnole de natation synchronisée, qui, dans la série “Ten hours a day, six days a week” mettent en exergue les efforts physiques intenses d’athlètes après leur entraînement. La série “Middle Point Between My House and China », est quant à elle un clin d’œil aux relations très personnelles que l’artiste entretient avec ce pays, depuis son enface – où elle pensait rejoindre l’autre bout de la Terre en creusant dans son jardin – jusqu’à son voyage en Chine. Enfin, un ensemble de toiles peintes sur lesquelles sont écrits ses aphorismes et la présentation de carnets de notes jamais dévoilés au public, clôturent ce parcours d’immersion dans le processus créatif de l’artiste.
La présentation simultanée de son travail à un étage de l’exposition de Ren Hang n’est pas une simple coïncidence : ensemble, leurs œuvres offrent une vision alternative aux trajectoires croisées de la mode, de la performance, du texte et des approches les plus originales de l’image photographique. Coco Capitán a toujours ressenti une certaine filiation avec le travail de Ren Hang. S’ils n’ont jamais eu l’occasion de se rencontrer, elle avait initié une relation épistolaire qu’ils entretenaient tous les deux.