Pour mettre à l’honneur la lauréate du Prix du Livre Robert Delpire 2023, une exposition de l’œuvre de Dolorès Marat – photographe de la nuit, du rêve et de l’évanescence – conçue à l’occasion de la publication de son livre, aura lieu à la Fondation Sozzani à Paris, organisée par le Fonds de dotation Neuf Cinq – Robert Delpire & Sarah Moon en collaboration avec la Maison Européenne de la Photographie, qui en assure le co-commissariat.
L’univers de Dolorès Marat est une énigme photographique, un récit poétique et troublant. Les arbres se mettent en marche, les portes de cinéma nous sourient, une femme crocodile prend des notes, il pleut des oiseaux tandis qu’une raie nous observe à travers la vitre de l’aquarium. Du métro aux portes du Moyen-Orient, où sur terre nous emmène Dolorès Marat ? Quel est le secret qu’elle nous chuchote ?
Cette monographie, publiée à l’occasion du Prix Robert Delpire 2023, nous invite à parcourir l’oeuvre intangible et envoûtante de la photographe, à l’image des silhouettes fantomatiques qu’elle capture à travers de rares éclats de lumière.
Dolorès Marat aime photographier à l’heure bleue, à la tombée de la nuit ou au lever du jour dans des atmosphères faiblement éclairées, vaporeuses, propices au merveilleux. Elle assume ce flou de bougé, et sa proximité avec la peinture est renforcée par son choix du tirage Fresson au charbon. Images hallucinées, visions fugitives, tout est suggéré, permettant au regardeur de s’inventer ses propres histoires.
Comme le souligne Magali Jauffret dans son très beau texte : « Dolorès ne fait pas de mise en scène, elle ne triche pas avec ce qu’elle voit. Elle ne recadre pas, ne retouche pas, ne postproduit pas. Elle ne prend qu’une photo et ce sera la bonne. Elle fabrique de l’instantané. »
Tout à la fois photographe culte et artiste populaire, Dolorès Marat est inclassable.
Photographe autodidacte, Dolorès Marat débute comme apprentie chez un photographe de quartier, Claude Froissard, puis est engagée comme laborantine et photographe au magazine Votre Beauté. Elle commence une oeuvre personnelle à presque 40 ans. Sa découverte du procédé Fresson en 1983 donne une orientation décisive à son oeuvre d’auteur. Le tirage quadri-chromique au charbon soutient son inlassable exploration des textures et des ambiances. Elle utilise dorénavant le tirage Fine Art sur papier Japon réalisé par Sunghee Lee à l’atelier SHL à Arles.
Son travail a été régulièrement publié dans la presse (Le Monde Diplomatique, Libération, Les Inrockuptibles, etc.). Elle a publié de nombreuses monographies, la plupart épuisées : Lune rouge et autres animaux familiers, Fario, 2021 ; Illusion, Filigrane, 2003 ; New York USA, Marval, 2002. Son travail, régulièrement exposé, a été présenté aux Rencontres d’Arles en 2023. L’exposition « Dolorès Marat » à la Fondation Sozzani en novembre 2024, organisée par le Fonds de dotation Neuf Cinq – Robert Delpire & Sarah Moon en collaboration avec la MEP, est la première qui lui est consacrée par une institution parisienne.