La galerie Folia est heureuse de présenter « Journal de l’œil » Les Globes oculaires, exposée pour la première fois à Paris. A travers 33 photographies en noir et blanc et en couleur, l’artiste livre le récit d’une épreuve de soi et du monde qui passe par la photographie et la littérature.
Dans la continuité de Vermillon (avec Pierre Michon) et de Regards de l’égaré (avec Bernard Noël),Journal de l’œil (Les Globes oculaires) tente de faire l’expérience de la littérature par le regard. Comme s’il s’agissait, en photographiant, d’avancer dans sa vision comme on avance dans un livre, dans une sorte d’acuité en état d’hypnose… comme plongée, submergée par le monde.Journal de l’œil (Les Globes oculaires) se construit principalement dans les pas de Georges Bataille… Chaque image fabriquée est un voyage dans l’œuvre et la biographie de l’écrivain. Mais au-delà d’être précisément documentée, l’approche se veut aussi sensible, émotionnelle et intuitive.
La difficulté de ce projet est peut-être de rendre compte de la puissance d’une écriture, l’enjeu étant de fabriquer non pas des images qui illustreraient une pensée mais plutôt de trouver des images propices à produire de la pensée. Bataille, pour reprendre les propos de Didi-Huberman — La Ressemblance ou le gai savoir visuel selon Georges Bataille, Paris, Macula, 1995 —, accepte le danger de l’image ; il tente de conjoindre risque, dialectique et figura. Il lui faut pour cela entrer dans la gueule de l’image, comme si l’image état un loup pour l’homme.
C’est ainsi que cette série de photographies relève les angles morts. Elle est travaillée par un sens de la dramatisation, elle engage l’humain, l’animal, l’animalité, la mort, l’art et contient son impossibilité. Cette série se veut inqualifiable, déroutante comme la pensée de Bataille. Elle se veut mystérieuse et étrange. Elle joue sur des obsessions, des contradictions, d’une noirceur-solaire, d’un éros enfoui… un crime caché… Chaque image fait appel à la mémoire d’autres images ou de lectures intimement liées à Georges Bataille, cette série interroge également le retour de cette mémoire dans le présent. Cette expérience de l’image dit toute la sensibilité qui s’engage lorsqu’on se met à vivre dans l’écriture.
Le travail d’Anne-Lise Broyer sera également exposé au musée Delacroix dans le cadre de l’exposition « Dans l’atelier, la création à l’œuvre » du 15 mai au 30 septembre prochains.