La MEP est heureuse de présenter le travail de la jeune photographe congolaise Pamela Tulizo, lauréate en 2020 de la troisième édition du Prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents.
Née en République Démocratique du Congo, Pamela Tulizo, 28 ans, a grandi à Goma, dans la région du Nord-Kivu, une zone déchirée par des années de guerre civile et connue dans les médias pour les violences perpétrées à l’égard des femmes. En réponse à la thématique du Prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents, « Face to face », le travail de Pamela Tulizo confronte le portrait victimaire des femmes congolaises dressé par les médias à une représentation porteuse d’espoir mettant en évidence leur force de résilience.
Dans la série « Double identité », Pamela Tulizo donne à voir en treize portraits une figure de femme congolaise tiraillée entre ses ambitions et le poids de la société. Par des jeux de miroirs, l’artiste compose des avatars pluriels et discordants qui confrontent différentes identités sociales. Tour à tour médecin, contremaître, belle élégante, ou femme modeste ployant sous la charge de son fardeau, le personnage mis en scène questionne à la
fois la place de la femme dans la société congolaise et le regard porté par le monde entier sur celle-ci.
Journaliste de formation, Pamela Tulizo s’éloigne ici de la photographie documentaire, s’emparant des codes de la photo de mode – vêtements, accessoires, maquillage, couleur – pour créer un autre récit qui selon elle « n’a pas beaucoup à voir avec la beauté que l’on voit à la télévision ou dans les magazines », mais cherche plutôt à révéler « la beauté et la force intérieures » des femmes qui l’entourent.
Diplômée du Market Photo Workshop à Johannesburg à l’instar de la photographe sud-africaine Zanele Muholi et formée par l’artiste congolais Martin Lukongo, Pamela Tulizo s’empare de la photographie comme d’un medium engagé offrant une grande liberté d’expression. En faisant le choix de devenir photographe, elle conquiert un territoire masculin et cherche à mettre en lumière la puissance des « femmes du Kivu » qui se battent pour leurs droits et contre les inégalités.