À la fois plasticien, danseur et chorégraphe professionnel, Smaïl Kanouté présente Le samouraï noir au Japon, sa nouvelle création inspirée de la vie de Yasuke Kurosan, esclave africain arrivé au pays du soleil levant à la fin du XVIe siècle qui s’est vu exceptionnellement accordé le statut de samouraï.
Pour sa première exposition de saison au sein du Studio – son espace dédié à la photographie émergente et aux arts numériques -, la MEP expose le nouveau projet chorégraphique de Smaïl Kanouté, co-réalisé par Smaïl Kanouté et Abdou Diouri et filmé par Abdou Diouri. Artiste aux formes d’expression multiples, Smaïl Kanouté renouvelle les codes visuels et esthétiques de la danse contemporaine, à travers la performance et calligraphie.
Inspiré par les questions ethniques – Peulh notamment -, la cosmogonie Dogon, la mode graphique et urbaine souvent associée au Hip Hop, mais également inspiré par les alphabets et la calligraphie, Smaïl Kanouté cherche à faire dialoguer les motifs africains, japonais, et aborigènes tel que le Vai, utilisé durant la traite des esclaves en Afrique. Mais dans cette démarche de reliance, la diversité des formes de création – danse, voix, musique, motifs – est prétexte à une recherche, celle de faire se rencontrer l’Afrique et le Japon, la tradition et la modernité.
« Convoquant le mouvement de l’afro-futurisme, je recrée une danse hybride qui s’inspire d’un passé inconnu pour recréer un présent et un futur à la croisée de la culture africaine et nippone. Dans cette réécriture du présent, mon corps va se confronter à la population japonaise, à ses codes, son architecture et sa nature ».
À la frontière entre fiction et documentaire, Smaïl Kanouté construit un récit initiatique sur les traces d’une légende retrouvée, celle de Yasuke Kurosan, esclave du Mozambique, devenu premier samouraï noir au Japon. L’écriture chorégraphique de Smaïl Kanouté raconte la métamorphose du corps courbé de l’esclave en un corps fier et droit du samouraï et crée ainsi la rencontre entre la danse africaine et l’Art du Bushido (code d’honneur des Samouraïs). À travers des rites, des cérémonies dansées, des visites de lieux spirituels et symboliques, Smaïl Kanouté s’inspire de l’aïkido, du bushido, de la cérémonie du thé, ou encore du Butô (danse contemporaine japonaise) pour explorer à la fois une danse, une énergie et un état d’esprit.
Cette vidéo, qui fait initialement partie d’un triptyque, traite plus largement de l’impact du colonialisme et de la persistance des rites ancestraux comme affirmation identitaire.
Pour l’artiste, ce nouveau projet symbolise l’accomplissement de la recherche graphique qu’il mène depuis longtemps .
« La calligraphie japonaise et les motifs africains ont un rapport au corps qui est de l’ordre de la danse et du mouvement méditatif porté par une grande énergie créative. C’est une connexion, un dialogue perpétuel avec les esprits qui perdurent dans ces deux cultures, japonaise et mozambique. La création graphique et la danse se rejoignent dans une perpétuelle quête de rendre visible l’invisible ».
Biographie
Issu de l’ENSAD, à la fois graphiste, sérigraphe, plasticien et danseur professionnel, Smaïl Kanouté a produit diverses réalisations dans l’univers de la mode, notamment pour le styliste Xuly Bët.
En 2014, le chorégraphe Radhouane El Medded l’intègre dans un spectacle Hip Hop « Heroes – Prélude » et en juillet 2016, Smaïl Kanouté performe ce spectacle dans sa forme longue aux Ballets de l’Opéra de Marseille.
En 2015, il expérimente des performances en collaborant avec des artistes tel que Philippe Baudelocque dans la vidéo « Univers ». En 2016, il clôture l’exposition des « Grandes robes royales » de Lamyne M. à la Basilique de Saint Denis, par une performance réalisée autour des créations couture du styliste.
La même année, Smaïl Kanouté présente sa création « Projections » au Festival Fragments et au festival Séquence Danse au Centquatre, avec Philippe Baudelocque, artiste alors exposé au Palais de Tokyo.
Quelques mois plus tard, Smaïl Kanouté intervient lui aussi au Palais de Tokyo dans l’exposition de Tino Sehgal These Associations.
Dans le cadre de la Nuit Blanche 2017, il présente « Callidanse » à l’Institut des Cultures d’Islam et en collaboration avec Sifat. En résidence à Mains d’œuvres la même année, pour la création de sa pièce « Les Actes du désert », il présente le prologue de cette création, sous forme de performance, à l’Institut du Monde Arabe, dans le cadre de la « Carte Blanche » d’Oxmo Puccino, et à l’occasion des 30 ans de l’IMA.
En 2018, Smaïl Kanouté présente la performance « Body Talks » à la Art Paris Art Fair du Grand Palais, en collaboration avec la chorégraphe Wanjiru Kamuyu, d’après les œuvres d’Evans Mbugua d’Artco Galerie. La même année, il offre à découvrir une première étape de travail de « Jidust » dans le cadre du festival June Events du Palais de la Porte Dorée, ainsi que sa nouvelle performance « Daïra » au sein de l’exposition « Al Musiqa » à la Philharmonie de Paris.