Le titre comme une imprécation, une tentation à enfin laisser derrière nous ce qui nous a empêché pendant de longs mois de retrouver le son et le corps des autres.
Il s’agit d’une envie à partager, se retrouver autour de ce qui est le grand chant populaire commun ; celui qui provoque le mouvement de la danse.
La musique n’est pas une simple distraction même si elle est parfois futile.
Le siècle passé en fut un vibrant exemple, les styles musicaux furent et seront toujours les détonateurs ou les accompagnateurs des révolutions. Qu’elles soient douces ou plus violentes ses lames de fond sont sociétales, culturelles, sexuelles … sérieusement politiques et futilement jouissives.
L’exposition regarde, avec les yeux de sept photographes, cette relation organique entre les musiciens et les spectateurs. Elle capte la joie et le besoin incommensurables de bouger sur des notes.
Après être venu à la Galerie du Jour, nous espérons bien que vous n’aurez plus qu’un slogan en tête : Dance and music.
Les artistes en quelques mots :
Vincent Rosenblatt saisit l’énergie brûlante de la scène underground brésilienne. Il capture la puissance expressive des soirées Baile Funk où les corps créent leur propre langage avec authenticité et immédiateté.
Malick Sidibé capte l’envie émancipatrice qui passe par la musique, les danses et la sape.
Il emprunte ici la voie que traçait avant lui Seydou Keïta comme un spectateur amusé des sociétés en mouvement.
David Godlis comme Alain Dister témoignent de ces décennies follement denses où le flower power, laissera la place au punk, sans oublier un rock qui emporte toute la jeunesse occidentale sur son passage ; laissant à quai des parents incrédules.
Jonas Mekas laisse libre cours à sa passion : la vidéo de l’instant et de la vie qui se fait ; une expérimentation qui passe par l’improvisation et la musique comme un immense défouloir créatif.
agnès b. montre son amour et sa passion pour ces activistes de la musique pendant des concerts mémorables. On y retrouve des amis de toujours : Patti Smith, Sonic Youth, Alan Vega …
ALAIN DISTER (1941 – 2008)
Photographe et écrivain, Alain Dister a été le témoin privilégié de la culture rock, des années 60 à 2008.Du Summer of Love de San Francisco aux punks japonais des années 1990, il se trouve constamment sur les scènes émergentes, aux côtés de Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Pink Floyd, Frank Zappa…
Reporter légendaire des débuts du magazine Rock & Folk, il écrit de nombreux ouvrages sur les musiques, les contre-cultures, leurs grandes figures. Son travail photographique se situe entre documentaire et création et témoigne d’une approche singulière sur plusieurs générations de la Youth Culture.
Marqué par la Beat Generation, Alain Dister rencontre souvent ses principaux acteurs comme Ginsberg ou Corso, et traverse pendant quarante ans l’Amérique du Nord en tous sens, captant au passage les routes, paysages, ambiances, bikers, motels, frontières, graffitis. Devenu lui-même une icône rock, l’emblème du rock critic, Alain Dister a exposé son travail de photographe dans des musées et galeries du monde entier.
DAVID GODLIS (1951 – )
David Godlis vit et travaille à New-York. Connu pour ses clichés des premières heures du punk, David Godlis fait ses débuts en photographiant ses amis pendant sa deuxième année à l’université de Boston où il étudie la littérature anglaise. Par la suite, il part étudier la photographie à l’école Image Works à Cambridge, Massachusetts pendant deux ans.
C’est en 1975 que les rues de New York lui donnent une ouverture sur la culture punk des années 70. En tombant sur CBGB, club mythique et temple du rock new-yorkais, il découvre des artistes émergeants tels que Blondie, The Ramones et Patti Smith. Sa prise de photo instinctive capture l’intimité et la sincérité au sein du punk rock. Il s’impose comme l’un des photographes les plus importants du punk américain. Depuis 1980, il est le photographe non-officiel officiel pour Film at Lincoln Center et pour le New York Film Festival.
SEYDOU KEÏTA (1921 – 2001)
Photographe autodidacte, Seydou Keïta commence à faire de la photographie avec un Kodak Brownie Flash en 1935. Il ouvre ensuite son studio en 1948 à Bamako et se spécialise dans le portrait. Le photographe gagne rapidement une renommée de portraitiste d’excellence en Afrique de l’Ouest. Travaillant avec la lumière du jour, il ne prend que des clichés uniques dans lesquels transparaissent grâce et élégance. Ses photographies constituent un témoignage personnel et précis de la société malienne de la fin des années 40 à 1963.
Photographe officiel du gouvernement malien depuis l’Indépendance, il prend sa retraite en 1977. Il est reconnu de nos jours comme le père de la photographie africaine et a réinventé l’art du portrait par sa recherche de la précision la plus profonde.
JONAS MEKAS (1922 – 2019)
En 1944, Jonas et son frère Adolfas sont détenus dans un camp de travail forcé à Elmshorn, Allemagne. Après la guerre, il a étudié la philosophie à l’Université de Mayence. Fin 1949, l’Organisation des Nations Unies pour les réfugiés, installe les deux frères à New York City.
Dès son arrivée à New York, il commence à tenir un journal filmé (Walden, Lost Lost Lost, Scenes from the life of Andy Warhol, etc.) Il sera profondément impliqué dans le mouvement du film américain d’avant-garde. En 1954, il lance la revue Film Culture, et tient de 1958 à 1976 dans Village Voice une chronique où il défend ardemment le cinéma underground qu’il va contribuer plus que quiconque à fédérer, organiser et faire connaitre dans le monde entier. Tout en poursuivant une oeuvre écrite, il est co-fondateur de The Anthology Film Archives. Cinémathèque new-yorkaise du cinéma d’avant-garde. Par la suite, il a continué à écrire de la poésie et à réaliser des films. Il a publié plus de 20 livres traduits dans plus d’une douzaine de langues. Mekas a également été actif comme universitaire, enseignant à la New School for Social Research, l’International Center for Photography, Union Cooper, Université de New York et le MIT
VINCENT ROSENBLATT
Vincent Rosenblatt, parisien d’origine, part vivre à Rio de Janeiro au Brésil en 2002 après ses études à l’École Nationale des Beaux Arts de Paris. Une fois installé à Rio, il met en place un atelier de photographie appelé Olhares do Morro sur les collines de la favela de Santa Marta où il enseigne la pratique de la photographie à la jeunesse locale.
Vincent Rosenblatt travaille également comme photojournaliste et documente les scènes underground de Baile Funk et la culture urbaine marginale au Brésil, thèmes privilégiés de ces oeuvres.
MALICK SIDIBÉ (1935 – 2016 )
Photographe de quartier malien, Malick Sidibé commence sa carrière après la décolonisation du Mali dans les années 60 avec l’ouverture du Studio Malick. Alors que la vie nocturne de Bamako émerge, le rock’n’roll et le twist s’imposent dans la ville. C’est lors de soirées survoltées que Sidibé prend ses clichés rendant compte de la joie nouvelle de la jeunesse. Les scènes de fêtes qu’il rapporte laissent place à la modernité, l’élégance et la séduction. Ses portraits vivants capturent complicité et insouciance.
Les premières rencontres africaines de la photographie à Bamako en 1994 lui permettent de se faire connaître dans d’autres pays. Son exposition à la Fondation Cartier un an après lui fait enchaîner des expositions internationales et des prix prestigieux, notamment le Lion d’Or pour sa carrière lors de la Biennale de Venise en 2007.
AGNÈS B.
agnès b. est née à Versailles. Son père, avocat, lui fait partager très tôt son goût pour la musique et pour l’art, si bien que son rêve d’adolescente est de devenir conservatrice. À 17 ans, elle se marie à un homme passionné par les livres et le cinéma, l’éditeur Christian Bourgois. Elle gardera toujours l’initiale de ce nom qui deviendra sa signature de styliste : agnès b. En 1973, elle dépose sa propre marque et ouvre sa première boutique en 1976 dans une ancienne boucherie du quartier des Halles, au 3 rue du Jour. En 1984, elle inaugure une galerie d’art attenante, la Galerie du Jour. En 1997, la galerie s’installe rue Quincampoix, à la suite de Jean Fournier, et se dote d’une librairie, la Librairie du Jour. Avec l’artiste Christian Boltanski et le commissaire d’exposition Hans-Ulrich Obrist, elle crée un « périodique hybride », Point d’ironie, aujourd’hui distribué gratuitement à 100 000 exemplaires dans le monde.
En 2018, la galerie et la librairie deviennent nomades, le temps de rejoindre La Fab., un lieu pour tous-tes, dont l’ouverture a eu lieu en 2020, Place Jean-Michel Basquiat dans le 13e. Dans ce bâtiment neuf, dessiné par l’architecte Augustin Rosenstiehl, de l’agence SOA architectes, agnès b. organise, sur 1400m2, des expositions thématiques au travers de sa collection de plus de 5000 œuvres. On y retrouve aussi la Galerie du Jour agnès b., sa fameuse librairie et un espace dédié aux actions sociales et solidaires du Fonds de dotation agnès b. Par ailleurs, agnès b. soutient personnellement la Fondation Tara Expéditions depuis 12 ans.