Nous avons retardé chaque jour le moment de devoir écrire ce message mais cette fois-ci impossible de nier l’évidence : le festival ImageSingulières ne pourra avoir lieu cette année.
Impossible de compresser les délais de production, scénarisation et installation des différentes expositions et projections, tout en ne sachant pas comment et quand nous allons sortir de cette crise sanitaire inédite et douloureuse.
Une immense impression de gâchis nous submerge, avec tout le travail de l’équipe, depuis des mois, qui devient inutile.
Cette douzième édition est donc annulée à l’exception de l’exposition et
du livre de la résidence de Clémentine Schneidermann qui seront à découvrir à la Chapelle du quartier haut à partir de la mi-septembre.
Nous étudions également la possibilité de programmer certaines expositions et projections à la Maison de l’Image Documentaire au cours de notre saison culturelle 2020/2021.
Nous sommes sincèrement désolés pour vous tous, amis photographes, bénévoles, fidèles visiteurs, partenaires, prestataires… Et nous vous espérons tous en bonne santé auprès de vos proches.
Nous vous souhaitons courage, patience et créativité pour traverser cette période et pour vous projeter vers de nouveaux horizons.
Nous vous donnons rendez-vous pour la prochaine édition du festival en 2021 que nous allons préparer avec une motivation particulière.
Et avant cela à la Maison de l’Image Documentaire à Sète dès le mois de septembre !
Valérie Laquittant, Gilles Favier et toute l’équipe
« Rendre habitables les ruines d’un monde », nous n’avons certes pas cette prétention mais, à chaque édition d’ImageSingulières, nous tentons d’analyser les grandes problématiques politiques, sociales ou humanitaires avec l’aide de photographes aux points de vu affirmés et parfois divergents.
Si l’économie d’un tel évènement n’est pas chose facile à assumer pour l’association CéTàVOIR qui porte le projet, nous avons décidé que cela ne se ferait ni au dépend des auteurs, que nous voulons traiter avec bienveillance, ni à celui de nos visiteurs, toujours plus nombreux et curieux, ni au détriment de l’écologie. En effet, l’empreinte du festival, qui dure finalement peu, doit se faire la plus minime possible. C’est un souhait de l’équipe et nous y serons attentifs.
Cette année, la résidence a été confiée à Clémentine Schneidermann, une jeune photographe française qui a fait ses classes documentaires dans un coin du Pays de Galles déshérité et orphelin de son passé minier, où elle a séjourné jusqu’à récemment. À Sète, fidèle à ses habitudes, elle est partie à la recherche d’une culture populaire qui l’aura aussi amenée à croiser, bien évidemment, les pas de Brassens et de ses amis. « Il m’est bon de penser qu’il n’y a pas de sétois de Sète » disait Yves Rouquette, écrivain sétois et occitaniste. L’histoire de la ville liée constamment aux vagues d’immigration ne lui donne pas tort.
Aussi, nous proposerons une exposition collective et collaborative aux entrepôts Larosa autour de l‘exil avec Bruno Fert, Kitra Cahana, Panos Kefalos, Ad van Denderen, Kamel Moussa et Ahlam Jarban. L’occasion d’organiser un débat avec Edwy Plenel et Mohamed Nour Wana, poète soudanais migrant, autour de cette question. Nicola Bertasi sera lui aussi à Larosa avec son projet sur les traces de la guerre au Vietnam. Il mêle intelligemment dans son investigation des archives et son travail personnel. « Bastard Countryside » de Robin Friend sera à la salle Tarbouriech. Le titre de cette série, inspiré des misérables de Victor Hugo qui parlait ainsi des terrains vagues à la lisière des villes, est évocateur de l’état des paysages de Grande Bretagne.
À la Maison de l’Image Documentaire, nous aurons le plaisir de montrer l’Allemagne de Ute Mahler, celle d’avant la chute du mur, avec des images de rue, des intérieurs aussi, pour un panorama de la vie privée en RDA d’une infinie délicatesse. À l’ancien collège Victor Hugo, nous retrouverons Homer Sykes et l’Angleterre pré-punk des années soixante-dix, Marylise Vigneau avec son remarquable travail au Pakistan « Article 19 », autour d’une loi qui porte atteinte à la liberté de parole, et Romain Laurendeau, lauréat du Grand Prix ISEM 2019, pour une dramatique plongée dans l’univers de la drogue chez les jeunes palestiniens de Cisjordanie.
Au programme également, Marion Gronier pour notre retour au CRAC Occitanie, avec ses séries d’« American Monuments », Vollak Kong et ses icônes familiales cambodgiennes à l’espace Gares & Connexions et enfin Laura Pannack à la gare SNCF pour un portrait décapant d’une certaine jeunesse du nord de l’Angleterre.
Au Rio, une rétrospective nommée « Hors-Champ » dévoilera les coulisses des tournages de films français, des années trente à la nouvelle vague, par Gaston Paris et Alain Adler. De nombreux rendez-vous seront proposés : des Agoras singulières, débats autour des thématiques liées aux expositions, des projections, des films documentaires, notamment avec le concours de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas ainsi que la remise de la Bourse Laurent Troude et des Prix ISEM de la photographie documentaire. Et toujours, pendant le week-end d’ouverture, des rencontres, de la convivialité et de la musique…
Valérie Laquittant, directrice
Gilles Favier, directeur artistique