Au cours de l’hiver de 2018, Kevin Faingnaert a passé un mois dans la vallée du Jiu, en Roumanie, pour documenter une population étroitement liée aux mines de charbon. Cette vallée, située au sud-est de la Transylvanie, dans la région des Carpates, est à seulement deux heures de la Belgique, le pays d’origine de Kevin. Cette nouvelle destination est devenue le terrain d’expression du photographe, qui explore ici les changements du paysage, la relation entre l’homme et son environnement, ainsi que l’histoire de la vallée à travers les mineurs.
Pour Kevin Faingnaert, le mineur est le personnage central autour duquel la vallée du Jiu s’est construite, le photographe s’est ainsi donné pour mission d’adopter le point de vue de ce dernier pour analyser l’histoire du territoire.
« Je voulais rencontrer des gens sur les places de la ville, voir à quoi ressemblait leur chambre, ce que sentait leur cuisine, ce qu’ils pensaient de l’avenir, explique le photographe. J’ai vite compris que la situation politique et économique dans le monde se reflétait dans ces villes minières et dans leur histoire. » En 1979, les mines employaient plus de 179 000 mineurs. Aujourd’hui, ils sont moins de 10 000 et il n’y a que cinq mines en activité. La technologie archaïque, les mauvaises conditions de travail et les directives de l’Union européenne (pour réduire l’impact du réchauffement climatique et encourager les sources d’énergies renouvelables) obligent la plupart des mines à fermer dès la fin de l’année.
Avec une approche documentaire et l’utilisation d’un moyen format argentique, Kevin Faingnaert nous fait ressentir l’incertitude et le désespoir des habitants. Ses paysages, souvent sans perspective, font écho aux regards vides des mineurs rencontrés. Formé à la sociologie avant de devenir photographe, Kevin Faingnaert a l’habitude de s’intéresser aux groupes vivant en marge de la société. En 2016 il s’est rendu aux Îles Féroé, un archipel subarctique entre l’Écosse et l’Islande. Sa série Føroyar – exposée à la Fisheye Gallery, à Arles, en 2017 – dévoile une communauté féroïenne qui s’accroche à ses racines et ses traditions, tout en soulignant qu’un jour ces villages disparaîtront inexorablement.