María García Yelo, conseillère artistique 2017, a proposé 10 photographes aux membres du Comité exécutif et commente sa sélection :
« Beauté, surréalisme, ébahissement et douleur : tous font partie intégrante des projets sélectionnés pour l’édition 2017 du Prix HSBC pour la Photographie. Leurs auteurs, à l’imagerie visuelle très riche, nous incitent à lire des significations multiples et superposées. Nous passons ainsi de l’étonnement à l’accablement, de la reconnaissance au désarroi… Et quand nous finissons par comprendre, une profonde mélancolie nous envahit ».
Laura Pannack et Mélanie Wenger sont les lauréates 2017.
« Fondamentalement, les portraits pourraient être divisés en trois catégories : ceux qui aident le spectateur à mieux connaître la personne représentée, ceux dans lesquels le spectateur peut « voir » l’essence même du photographe et ceux dans lesquels l’individu représenté et le photographe sont « visibles », ce dernier type étant de loin le plus précieux.
Le travail de Laura Pannack répond parfaitement à la définition de cette troisième catégorie de portraits, à la fois grâce à une compétence technique irréprochable et une élégance naturelle remarquable. L’empathie exacerbée qu’elle témoigne envers l’objet de son intérêt, combinée à sa capacité à trouver et à faire surgir des moments intimes et subtils de la vie quotidienne, fait de son projet Youth Without Age, Life Without Death (« Jeunesse sans âge, vie sans mort »), un poème visuel sur un monde voué à disparaître, comme il en est au final de tout monde. Entre photographie documentaire et décors imaginaires, les espaces, les rituels, les personnes et les objets parmi lesquels elle « a vécu » dans un endroit reculé de la Roumanie, et qu’elle nous « a rapportés », deviennent ainsi une véritable métaphore universelle de la fragilité de la vie. »
« Il était une fois une femme solitaire, oubliée et débraillée qui avait créé un monde petit et étrangement beau. Marie-Claude, comme Mélanie Wenger l’appelle simplement, est un être humain fascinant, dont l’existence tient presque du miracle. La photographe a rencontré « La Dame aux Poupées » au printemps 2014, dans un coin perdu des Monts d’Arrée en Bretagne. Depuis, elle lui rend visite et la photographie avec la fascination, l’amour et la peur de celui qui découvrirait un trésor rare et fragile, caché au sein d’un univers auto-construit. Mélanie Wenger est parvenue, avec patience et tendresse, à révéler l’histoire de Marie-Claude, oubliée par la société depuis plus de 50 ans durant lesquels elle a créé son microcosme. Elle vit dans un monde où il n’y a pas de place pour la mémoire, le confort ou la compagnie mais qui est empli d’une délicatesse et d’une beauté sans pareilles. Seule une photographe douée d’une sensibilité très particulière et dépourvue de préjugés pouvait décrire, en images, une telle merveille. »
María GARCÍA YELO
Conseillère artistique 2017