L’exposition de Trine Søndergaard réunit au MuMa deux séries de photographies : « Interior » (2008-2012) et « Guldnakke » (2012-2013). Cet ensemble d’une trentaine de pièces sera enrichi par la présence d’un tableau du peintre Vilhelm Hammersøi, provenant des collections du musée d’Orsay, et dont l’œuvre a inspiré la photographe danoise.
Tout semblerait différencier ces deux séries : d’un côté le vide, l’absence de vie, le silence, une composition à tendance monochrome et marquée par des figures géométriques. De l’autre, une présence humaine, même si les visages ne sont pas visibles, l’éclat d’une matière, une palette de couleurs et une symphonie de tissus.
Mais à y regarder de plus près, le travail exigeant sur la lumière qui éclaire les lieux et les corps, la rigueur de la composition, le rendu des matières et de la peau, rapprochent les photographies qui composent « Interior » et « Guldnakke », participant ainsi du style de Trine Søndergaard. Et par-delà leur sujet, cet ensemble est empreint de calme et de silence.
Le mot Still n’a pas d’équivalent littéral en français, il associe les notions de calme et de silence.
Interior (2008-2012)
Sur une période de quatre ans, Trine Søndergaard réunit patiemment les images qui composent cette série. Se rendant dans les pièces de manoirs danois inhabités, elle choisit ces endroits pour développer une démarche artistique qui repose sur la précision et la sensibilité qu’elle exprime à l’aide du médium photographique, tout en explorant les limites de celui-ci ; de la plupart de ses travaux se dégage une impression de silence et d’un temps qui s’est arrêté. Les manoirs qu’elle photographie sont restés vides pendant un demi-siècle. Leurs pièces sont exemptes de toute trace de vie. Une relation avec l’atmosphère des tableaux du peintre danois Vilhelm Hammershøi est aisément perceptible à travers les nuances de gris et le rendu des lumières.
Guldnakke (2012-2013)
« L’or est un symbole universel de richesse, incarnant le sublime ou le divin. L’or suscite un sentiment de désir chez beaucoup d’entre nous. Quand j’ai découvert dans un musée ces coiffes recouvertes d’or, j’ai été immédiatement fascinée par leur matière et leur broderie délicates, sans rien connaître de leur histoire. Les coiffes datent du milieu des années 1800 et elles étaient populaires chez les femmes des riches fermiers du Danemark. Les coiffes constituaient une marque d’appartenance à une classe sociale.
Le fil d’or était précédemment réservé à la royauté, la noblesse et l’église ; ce sont des couturières très spécialisées qui en ont fait usage. Elles sont les premiers exemples de femmes indépendantes qui, par leur travail, ont su subvenir aux besoins de leur famille. La jonction de cette sorte d’histoire de femme à un vêtement spécifique est quelque chose que j’ai déjà exploré dans le passé, comme la possibilité de lire les traces des formes passées. » T.S.
Cette exposition est réalisée en collaboration avec la galerie Martin Asbæk, Copenhague, et avec le concours de l’Ambassade Royale de Danemark. Elle est la cinquième et dernière du cycle organisé en Normandie en 2018 par Lumières Nordiques.
Après le MuMa, elle sera présentée en 2019 à la Maison du Danemark à Paris.