Une nouvelle poétique du regard sur la Nouvelle-Aquitaine
André Cepeda, Jean-Luc Chapin, Maitetxu Etcheverria, Noémie Goudal, Tatiana Lecomte, Chloe Dewe Mathews, Hicham Gardaf, Valérie Mréjen, Bruno Serralongue
À l’initiative de Claire Jacquet & Gilles Mora
Avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine
COMMANDES PHOTOGRAPHIQUES (2022-2024)
Le Frac MÉCA, avec le soutien de la région Nouvelle- Aquitaine, lance un ambitieux programme de commandes photographiques en confiant 9 sujets à 9 artistes. Ce projet est prévu sur deux ans, dont l’aboutissement sera une vaste exposition à Bordeaux en 2024, accompagnée d’un catalogue.
Comment se définit aujourd’hui le paysage néo- aquitain dans ses dimensions humaines et naturelles, du point de vue de sa nouvelle cartographie administrative comme de ses évolutions liées à l’essor du tourisme, à des modes de vie et de nouveaux modèles économiques ?
Cette commande photographique envisage un inventaire visuel de la région sous deux angles, scientifique et artistique. Il s’agit pour 9 photographes (internationaux, nationaux et régionaux) de répondre à l’urgence d’une réflexion, d’un questionnement, celui d’un devenir aussi bien visuel qu’écologique auquel n’échappera pas notre région.
Ce projet est à l’initiative de Claire Jacquet, directrice du Frac, et de Gilles Mora, historien et commissaire d’exposition, lequel a participé à la création du fonds photographique d’une grande richesse au début des années 1980 lorsque le Frac a commencé à constituer sa collection. Il a ainsi fait acquérir près de 400 photographies, pour recomposer une histoire de ce médium au XXe siècle (August Sander, Henri Cartier- Bresson, Diane Arbus, Robert Frank…), en Europe et aux États-Unis principalement.
Par le passé, d’importants chantiers photographiques ont conduit à l’enrichissement d’un patrimoine visuel majeur et significatif, en permettant à des photographes de renom de travailler sur des sujets précis. Voici quelques repères dans cette histoire officielle des « commandes photographiques » :
• En France, la première initiative est la Mission héliographique en 1851, peu de temps après l’invention de la photographie : c’est l’occasion d’un monumental travail sur le territoire national. Les cinq photographes sélectionnés (Gustave Le Gray, Henri Le Secq, Hippolyte Bayard, Auguste Mestral, Edouard Baldus) par la Commission des monuments historiques ont pour tâche de dresser un panorama de l’architecture française en se voyant confier chacun un secteur géographique précis.
• En 1935, sous le coup de la crise de 1929, les États- Unis lancent également un programme de commandes photographiques dans le cadre de la FSA (« Farm Security Administration »), sous la direction de Roy Stryker, pour rendre compte de la misère des campagnes et sensibiliser les américains aux aides d’urgence. Une dizaine de photographes, tels que Walker Evans, Ben Shahn ou Dorothea Lange, y participent.
• En 1984, en France, c’est au tour de la mission photographique de la DATAR (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale), d’organiser un vaste projet de commande photographique, sous la direction de Bernard Latarget et François Hers, en direction de douze photographes (Lewis Baltz, Raymond Depardon, Suzanne Lafont…).
Ces commandes photographiques ont eu un énorme retentissement dans l’histoire de la photographie et en général, autant pour les travaux qui en ont résulté que pour la réception et la prise de conscience de certains enjeux, en permettant à l’ensemble de la population de faire le constat – et l’analyse – d’un témoignage en prise directe avec son époque.
« La réponse ne nous appartient pas, elle est déjà en germe sur ce territoire, dans la lecture que l’on peut faire de son paysage, comme sur les visages des personnes qui constituent sa population. » Claire Jacquet et Gilles Mora
PROCESSUS
Un comité scientifique a permis de définir 9 axes de travail. Le comité artistique a eu ensuite pour mission d’établir la sélection des 9 artistes.
COMITÉ SCIENTIFIQUE
Éric Chauvier, anthropologue et écrivain, enseignant à l’École nationale supérieure d’Architecture de Versailles ; Anne-Marie Cocula, historienne, présidente du Centre François Mauriac de Malagar ; Agnès Vatican, conservatrice générale du Patrimoine, directrice des Archives départementales de Gironde ; Éric Cron, docteur en Histoire de l’art, chef du service du Patrimoine et de l’Inventaire au sein de la Direction de la Culture et du Patrimoine, région Nouvelle-Aquitaine ; Fabrizio Gallanti, directeur d’Arc en rêve ; Christophe Hutin, architecte ; Christophe Léon, agrégé de Géographie, enseignant à l’académie de Bordeaux, maître de conférences en Culture générale à Sciences Po Bordeaux ; Cyrille Marlin, paysagiste, architecte et enseignant-chercheur à l’École d’Architecture et de Paysage de Bordeaux ; Bernard de Montferrand, président du Frac MÉCA ; Pierre Vermeren, historien et professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Sorbonne.
COMITÉ ARTISTIQUE
Monika Faber, conservatrice, curatrice et historienne de l’art spécialisée dans la photographie ; Claire Jacquet, directrice du Frac MÉCA et critique d’art ; Gilles Mora, historien, critique de la photographie, et commissaire d’exposition ; Magali Nachtergael, professeure en littérature, théorie et arts visuels contemporains à l’université Bordeaux Montaigne et critique d’art ; Alona Pardo, commissaire d’exposition à la Barbican Art centre de Londres et critique d’art ; Urs Stahel, écrivain, commissaire d’exposition, maître de conférence, consultant et éditeur, commissaire d’exposition et consultant pour la collection de photographie industrielle de la MAST à Bologne ; Émeline Vincent, chargée des expositions et des résidences d’artistes au Frac MÉCA.
9 ARTISTES / 9 THÉMATIQUES
Étude du renforcement des communautés d’agglomérations, de l’évolution démographique des bassins de vie excentrés des villes, des conséquences sociales (comme le mouvement des « gilets jaunes ») et environnementales ; la « ville dévorante » et les périphéries (choix subis ou choisis) ; l’identité des villes moyennes.
Constats des survivances et transformations du monde rural au travers des traditions (cercles ouvriers dans les Landes, confréries dans le monde du vin, maintien des savoir-faire artisanaux et métiers d’art) et des mutations (introduction de nouvelles cultures, agriculture holistique, permaculture, biodynamie).
Aborder la question des migrations urbaines et rurales dans ses composantes les plus diverses : touristiques, économiques, sociales, politiques (vagues d’immigration sous contrôle ou hors de contrôle), humaines et animales…
Manière dont les territoires ou des sites touristiques sont investis culturellement par une accumulation d’expériences, d’images, de transmissions préalables (littéraires, poétiques, intellectuelles…) ; réinterroger le mythe du territoire « sauvage » et fantasmé… Existe-t-il un génie du lieu contemporain ?
Par la guerre (Royan, ligne de blockhaus, camp de Gurs où a été interné Hannah Arendt…), par l’industrialisation et la désindustrialisation, par l’urbanisme, par le bruit, par la mondialisation des normes (architecturales), etc.
Évolution des communautés face à de nouvelles pratiques, de nouvelles économies, de nouvelles aspirations de la jeunesse, et de nouveaux modes d’apprentissages, de savoirs et d’expérimentation.
Itinéraires déjà balisés (le GR10 qui traverse les Pyrénées, chemins de St-Jacques-de-Compostelle…) mais aussi poétiques (Barthes, Duras, Hölderlin…), routes, rivières, jalles (qui ont constitué les premières voies de communication), océan Atlantique, mais aussi dimension transfrontalière avec l’Espagne.
Constats des chamboulements écologiques de zones spécifiques de la région : montée des eaux, retrait du trait de côte, écobuages, réintroduction de l’ours, fonte des neiges, disparition des glaciers, notion de « parcs naturels », sites pollués, anciennes traces d’une activité industrielle, etc.
« Sortir de la carte postale » et considérer le « hors- champ », ce qu’ « on ne voit pas » (les îles de l’estuaire de la Gironde à côté de la Citadelle de Blaye…) ; la culture « underground » de Bordeaux et sa façade bourgeoise ; le rapport à l’Océan sans nécessairement ressentir un tempérament ”marin”…
ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE
En réponse aux axes prioritaires de pédagogie gouvernementaux, un volet “EAC” (Éducation culturelle et artistique) sera organisé conjointement avec la région Nouvelle-Aquitaine. Des élèves de 9 classes en spécialité arts plastiques ou photographie au sein de différents lycées en Nouvelle-Aquitaine développeront un projet artistique en lien étroit avec les sujets des commandes photographiques. Ces projets donneront lieu à des rencontre avec les artistes, et seront accompagnés par différentes actions de médiation menées par le Frac MÉCA.
CALENDRIER
Juin 2022
Lancement des commandes photographiques
Été 2022 – Été 2023
Prospection et réalisation des commandes sur le territoire / Organisation du volet EAC en partenariat avec 9 lycées de la région
Printemps 2024
Exposition au Frac à Bordeaux / publication d’un catalogue