Vernissage le mercredi 24 janvier à 18h en présence de l’artiste
Cette exposition propose de documenter la construction de l’identité des jeunes des milieux populaires à travers la musique rap qui fait partie intégrante de leur quotidien. En se concentrant sur la scène toulousaine, il s’agit à travers le rap d’aborder les thématiques de la masculinité et de la sensibilité dans les quartiers populaires.
Du rap, nous avons des images contradictoires, aussi frappantes que forcément réductrices et fausses. Celles de la mise en scène des acteurs eux-mêmes qui assurent leur promotion en affirmant un look, une identité et une différence et celles, souvent véhiculées par les media, de violence et d’anecdotes rangées à la rubrique des faits divers. Et, comme pour le reste de la scène musicale, l’iconographie se résume bien souvent à des portraits et à des photographies de spectacle. Venons-en aux faits. Le rap est devenu, en quelques petites dizaines d’années, la musique dominante dans le monde entier et, en France, elle représente 65% des écoutes sur les plateformes de streaming. Un énorme enjeu financier, donc. Née et adoptée très tôt dans les milieux populaires c’est une musique dont la réussite fait rêver et apparait comme un moyen d’ascension sociale ou d’accomplissement pour toute une jeunesse. Pour les 10,6 % de jeunes qui, selon L’Insee, ne sont ni en études, ni en formation, le rap devient, d’autant qu’il ne nécessite pas forcément un très grand investissement financier initial, une possibilité de se construire un avenir. Philémon Barbier a su échapper aux poncifs attachés au rap parce qu’il a pu s’immerger dans la très jeune scène toulousaine, dans une communauté en recherche de paroles, de musique, et d’un mode de vie. Et d’un futur. Il a réussi à saisir des moments intenses de complicité, de pause, d’excitation, de quotidien en fait et en assure la cohérence en maintenant une gamme chromatique qui se pare des couleurs de la nuit. Dans cet univers masculin, lui qui a l’habitude de travailler avec la presse, sait saisir les instants significatifs pour résumer les enjeux d’une situation bien plus complexe qu’elle n’apparait à première vue. Et parce qu’une photographie, aussi réussie soit-elle, ne peut tout dire, des textes copieux, qui sont bien davantage que des légendes et qui comportent des paroles rapportées, accompagnent les images « Les jeunes dont j’ai documenté le quotidien en 2022 ont entre 18 et 25 ans, sont issus de milieux sociaux et culturels différenciés et ont des bagages variés. Certains se politisent, d’autres s’éloignent de ces sujets jusqu’à éprouver un sentiment de défiance pour les institutions. Entre union et désunion, ce projet s’attache donc à rendre compte de la recherche d’une identité musicale autant que citoyenne. ».
Christian Caujolle, conseiller artistique
Biographie
Né en 2000 et passionné depuis l’enfance par la photographie et l’Histoire, Philémon Barbier souhaite, par son travail photographique, porter un nouveau regard sur les évolutions du monde. Il travaille sur différentes temporalités, de l’événement d’actualité aux sujets au long cours, posant alors un regard documentaire plus approfondi, avec la rigueur journalistique et la sensibilité nécessaires à la justesse du rendu. En mettant en lumière l’humain, ses photos racontent l’autre, son inscription sociale, son intimité, son histoire, son regard, ses émotions… cherchant à faire émerger des regards croisés sur le mondequi nous entoure et ses ressorts. Il tend ainsi vers une photographie d’auteur, laissant libre cours aux différentes lectures. C’est à travers ce prisme et en s’appuyant sur les dynamiques qui façonnent l’actualité contemporaine qu’il raconte l’histoire des personnes qu’il rencontre. Il produit des sujets de société et s’intéresse notamment à la condition des jeunes à travers lescontinents, aux récits des civils touchés par la guerre ou les crises sociales. Son travail a été publié dans différents médias tels que Le Monde, l’Obs, le Pèlerin, le JDD, La Croix l’Hebdo, Courrier International, Mediapart entre autres. Philémon Barbier est également membre du SNJ. Diplômé de la formation en photo-journalisme à l’EMI-CFD sous la direction de Julien Daniel et Guillaume Herbaut en 2020, il co-fonde le collectif Hors Format. En 2022 il est lauréat de la Grande commande nationale de la BNF ainsi que de la Bourse pour la nouvelle photographie urbaine soutenue par Google et Dysturb à Visa pour l’image. En 2023 il est lauréat de la bourse de soutien à la photographie documentaire contemporaine du CNAP.