Ayant initié une série de dialogues depuis quelques années, la Galerie Odile Ouizeman est heureuse de présenter le regard croisé de deux artistes qui explorent la photographie, l’écriture mais également la vidéo, Tim Parchikov et Guillaume de Sardes.
“D’une ville à l’autre, je n’ai fait que poursuivre des rêves”, “atmosphère d’inquiétante féerie”, les mots qui accompagnent les photographies issues du projet Vers l’Est de Guillaume de Sardes trouvent un écho particulier dans celui de Tim Parchikov, Magnitogorsk. From Stalin to Putin.
Ces deux observateurs de l’Est regardent de “l’intérieur”.
Budapest, Bakou, Berlin, Kiev, Moscou, Vilnius… Villes traversées, paysages, fiancées ou beautés d’occasion au visage blanc, tremblé, croisées dans une chambre d’hôtel : c’est la vie qui fournit à Guillaume de Sardes les sujets de ses photographies.
Vers l’est tient à la fois du roman photographique et du journal intime. Ici, la création est liée à l’errance et à la quête de soi.
Tim Parchikov et Guillaume de Sardes voient dans la grande et la petite histoire un terrain d’expériences qu’ils parcourent pour saisir l’essence de l’instant. Ces deux photographes construisent une image atmosphérique, cinématographique, un basculement qui entraîne l’oeil vers un champs (de force) pictural.
Avec un magnétisme évident qui émane de leurs images.
Peut-être une autre raison pour que Tim Parchikov pose son regard facétieux et empreint de magie sur une ville surgie de nulle part dans les années 30 au sud de l’Oural, Magnitogorsk.
Tirant littéralement son nom du Mont d’Aimant, une anomalie magnétique qui l’encercle, Magnitogorsk est aujourd’hui une ville figée dans le temps à proximité d’un énorme fossé signifiant que tout le fer a été extrait.
C’est l’une des ville les plus polluées au monde qui enterre les utopies et absorbe des habitants sans illusion ni désillusion. Une ville enveloppée ou engloutie par une brume qui s’échappe de l’organe central de la ville, l’usine, et diffuse sa lumière chaude et rosée.
Le décor d’une production fantastique réalisée sans effets spéciaux. Une usine et ses dirigeants qui contrôlent toute l’économie de la ville, avec en arrière plan la menace d’une nouvelle crise économique, la concurrence de la métallurgie chinoise ou un désaccord politique entre la Russie et le Kazakhstan. C’est aussi une menace que Tim Parchikov a vu à Magnitogorsk car ces innombrables facteurs peuvent conduire l’usine à la faillite et la ville à un désastre économique et humanitaire.
Faut-il voir pour autant les oeuvres de ces deux artistes comme un simple témoignage? «Le témoin pour un philosophe est, d’une certaine manière, aussi étrange que le poète ou le fou» dit Stanislas Breton.
Il nous reste alors à engager un mouvement et à suivre, le temps du dialogue, ces deux artistes dans ces East Side Stories…