Une archive photographique, c’est avant tout une forme, une typologie, une sensibilité. Cette archive ne peut être régie que par un ordre et une logique claire, dont les spécificités sont établies par celui même qui insuffle et orchestre les mouvements dialectiques qui s’y installent.
Howard Greenberg est une figure incontournable de la scène photographique internationale. Il exerce le métier de galeriste depuis près de 40 ans et a participé à l’élaboration de nombreuses collections particulières durant toutes ces années. L’archive entreposée dans sa galerie à New York comporte près de 30.000 tirages des plus grands noms de la photographie du XX ème siècle, ceux-la même qui ont contribué à façonner notre regard et créer une imagerie collective et un imaginaire personnel.
Cette archive raconte mille histoires et a autant de figures que de visages qui la contemplent. Elle contient tous les possibles. Chaque image est le début d’une histoire, et dresse le portrait de celui qui la raconte.
L’exposition-collection que nous présentons s’est élaborée un peu à la manière d’un Cadavre Exquis, jeu littéraire inventé par les surréalistes, Jacques Prévert et Yves Tanguy, et dont Georges Bataille dira “qu’il est la plus parfaite illustration de l’esprit.” Tour à tour, chacune des images se juxtapose les unes aux autres, se contredit parfois, s’embrasse ou se regarde en face. Elles finissent par former ce “Musée Imaginaire” dont parle André Malraux, car chacune d’elle, par la présence des autres, se métamorphose et raconte ensemble autre chose.
Berenice Abbott, Manuel Àlvarez Bravo, William Eggleston, Walker Evans, ou Man Ray ont pris part au jeu, en apportant leur “sujet–verbe-complément,” à la manière d’un cut-up de William Burroughs, créant ainsi une relecture de l’histoire de la photographie du XXème siècle.
Anne Morin, commissaire