Fidèle aux orientations qui ont été prises dès la première édition, en 2008, Photo Phnom Penh continue à développer des échanges entre photographes asiatiques et européens et favorise, permet et met en valeur l’émergence d’une nouvelle photographie cambodgienne.
Grâce au partenariat avec l’Institut Français du Cambodge et à son soutien, et au généreux apport de Monsieur Zhong Weixing, le festival continue à toucher un public jeune, majoritairement étudiant et commence à développer des actions en milieu scolaire, prémisses de possibles développements ultérieurs. Le soutien des ministères de la Culture et de l’Education, tout comme la bienveillante attention de la Municipalité de Phnom Penh, permettent au festival d’irriguer de nombreux lieux, en intérieur comme en extérieur. Après une expérience positive l’an passé, ce sont deux collèges du centre ville qui vont accueillir des expositions, par ailleurs ouvertes et accessibles au public généraliste.
Si le festival développe des lectures de portfolios, des conférences, des ateliers, des rencontres, des visites d’expositions avec les artistes, ce sont les expositions et les soirées de projection des journées d’ouverture qui constituent le cœur de la manifestation.
Au niveau des soirées, nous retrouverons avec un très grand plaisir les musiciens de Phare Ponleu Selapak et leur leader Vanthan jonglant avec tous les instruments, traditionnels et électriques pour accompagner une projection inédite de travaux dialoguant avec les expositions. Et, en clôture de cette séquence inaugurale, un groupe de rock contemporain, exclusivement féminin, donnera une tonalité singulière aux images des jeunes photographes cambodgiens.
EXPOSITIONS :
De façon symbolique, la galerie de l’Institut Français du Cambodge fait dialoguer le français Olivier Culmann et sa série « The Others » avec les travaux inédits du cambodgien Lim Sokchanlina, photos et vidéos de l’ensemble « Wrapped Future » dans lesquelles il met en scène l’espace et le paysage pour mener une réflexion sur la notion de frontière, de barrière, donc de migration et de déplacement.
Sur le mur de l’Ambassade de France, Charles Fréger présente deux extraits de deux séries qui mettent en écho les traditions populaires anciennes en Europe et en Asie : Wilder Mann qui explore les rituels très souvent liés aux solstices en Europe et Yokainoshima inventoriant au Japon les pratiques et les costumes traditionnels dans l’archipel.
Le coréen Daesung Lee présentera ses deux séries dans deux collèges du centre ville. D’une part « Futuristic Archaeology », mise en scène de photographies en grand format dans le paysage de Mongolie pour attirer l’attention sur la disparition de la culture traditionnelle dans un pays bouleversé par le changement des données économiques. D’autre part « On the shore of a vanishing island », manifeste soulignant les dangers, entre autres les inondations, du changement climatique et la situation des migrants et déplacés
liés à ces mutations. Ces travaux auront naturellement une résonnance toute particulière dans un pays qui connaît des problèmes de même type.
Watsamon Tri-yasakda, est une toute jeune thaïlandaise qui travaille avec les organisations LGBT de son pays. Dans une série peine d’humour, elle met en scène un groupe de jeunes gays vêtus des traditionnels uniformes scolaires et souligne la façon dont les institutions, l’éducation, le costume, sont des façons de mettre en place à la fois un modèle et une image de la virilité. Sans résultat convaincant d’après sa série…
Mak Remissa. Le plus connu – et le plus important – des photographes cambodgiens revient avec une nouvelle série qui sera présentée à La Plantation. Fidèle à son mode de travail, ce photojournaliste de référence développe tous les deux ans une série personnelle et affine à chaque fois un peu plus sa maitrise de la mise en scène. « From hunting to shooting », nouvelle métaphore colorée, est un beau poème qui met en scène des oiseaux dans un somptueux théâtre d’ombres.
Ly Min. Ce cambodgien qui pratique la photographie en amateur avec une passion intacte depuis des années montre pour la première fois ses travaux. Il s’est attaché, dans des images très pures, à documenter les inondations à Phnom Penh, depuis son balcon. Sur fond noir, c’est une série de tranches de vie, des écoliers rentrant de cours aux ménagères transportant leurs emplettes sur des radeaux improvisés qui défile devant nos yeux. Il ne pourra pas, normalement, poursuivre cette série : la municipalité a effectué des travaux qui devraient, normalement, empêcher que la zone soit inondable.
Le dialogue entre Asie et Europe se déploie, en extérieur, sur l’île de Koh Pich (Diamond Island ) où, le soir, se retrouve toute la jeunesse de la capitale :
Yang Ming (Chine) : Format carré , en noir et blanc, apparemment très classique mais bien plus complexe qu’il n’apparaît au premier coup d’œil, il parcourt la Chine et traque les aberrations d’un pays dont il estime qu’il a perdu et est en train de perdre totalement ses racines culturelles. Des images étranges, troublantes, mystérieuses.
Alexey Shlyk (Bielorusie). Ce tout jeune homme, né en 1986 à Minsk en Biélorussie, évoque dans ses souvenirs ce qu’était la vie quotidienne en Union Soviétique, à travers le mélange de patience, d’ingéniosité, de recyclage et de débrouillardise nés de la nécessité de pallier à des conditions de constante pénurie. En parallèle, il rend hommage à cette créativité, non plus vitale, mais devenue au fil du temps un trait distinctif rémanent des Biélorusses. Entre portrait et nature morte, avec énormément d’humour, une réflexion sur l’histoire, le temps, le quotidien.
Floriane De Lassée (France). Ce sont, autour du monde, des cariatides modernes, des femmes qui portent sur leur tête d’invraisemblables charges. How Much Can You Carry est avant tout un hommage à ces porteurs de vie, ceux dont la vie est lourde et où le sourire et le rire deviennent la clef d’une existence vivable. Colorées, pleines de vie, ces images portent un regard positif sur des situations et des pays en situation difficile.
JH Engström (Sweden). Un extrait de son dernier ouvrage, « Crash », publié au Japon par Akio Nagasawa Publishing et dans lequel il joue, comme il l’avait initié dans Revoir, avec les négatifs en couleur. Bagages scannés à l’aéroport, arbres et paysages, détails de corps, tout devient étrange, poétique et en même temps presque inquiétant. Un questionnement profond sur la façon dont nous percevons le monde et dont la photographie le transcrit.
Yoshinori Mizutani (Japan). Sa série ( toujours en cours ) sur les perroquets de Tokyo est un enchantement de couleurs, de mouvement, de permanente surprise. Qu’ils soient en groupe sur des fils électriques, saisis et isolés par un coup de flash, en vol serré dans le ciel au soleil couchant, ils incarnent une véritable poétique de la ville.