Onzième festival ImageSingulières, quelques fondamentaux mais toujours aussi peu de certitudes tant le monde de l’image, et particulièrement celui de la photographie, est insondable et parfois immergé dans le magma des réseaux sociaux oublieux du droit d’auteur, des fake photos et autres photomontages simplistes… Comprendre ce que l’on nous donne à voir, analyser, faire le tri, se faire une opinion : les enjeux sont là pour nous. Ainsi nous ne regrettons pas le choix fait il y a dix ans d’une photographie documentaire moins spectaculaire mais qui laisse plus de temps à la réflexion face à ces flux incessants.
2019 sera l’année du changement structurel pour ImageSingulières. Le festival prend ses quartiers au centre ville à la recherche de nouveaux publics et investit le magnifique écrin du Théâtre de la Mer pour des soirées de projections.
Cette année la résidence est confiée à Vanessa Winship, photographe anglaise et seule femme à avoir obtenu le prestigieux prix Cartier-Bresson, en 2011. De novembre à janvier, elle a exploré Sète, et même un peu plus car nous étendons désormais la résidence au pourtour de l’étang de Thau. Son travail investira la Chapelle du Quartier-Haut et sera aussi l’objet du douzième livre de la collection « imageSingulières ».
En 2018, nous avions remis à John Trotter, un photographe new-yorkais de l’agence MAPS, le 1er prix ImageSingulières / ETPA / Mediapart. Ce prix de 8000 euros était destiné à terminer un travail de plus de dix ans autour des problématiques liées à la surexploitation de la ressource en eau, tout au long de la rivière Colorado. Le projet final sera présenté au Réservoir, un des nouveaux hauts lieux de la culture sétoise. Mathias Depardon a quant à lui suivi le cours du Tigre et de l’Euphrate en Irak et son travail sera montré au Rio, dans l’ancien cinéma qui ré-ouvrira pour l’occasion.
Nous reviendrons aux États-Unis, avec les poignants projets de Jon Lowenstein et Nina Berman, tous deux de l’agence NOOR. L’un explore le « South Side » de Chicago, en s’impliquant totalement dans sa communauté. L’autre mène un travail au long cours dans la plus pure veine documentaire, qui n’est autre que la chronique empathique d’une jeune survivante du trafic sexuel.
Nous présenterons également « Algunas chicas », une rétrospective de la grande photographe argentine Adriana Lestido, pasionaria féministe. Ainsi que « Garden of delight », une fresque hallucinante de Dubaï, dans laquelle Nick Hannes pose la question de l’absurdité de la mondialisation et du capitalisme.
Avec « Country of Ambition », Yan Ming se désole de la disparition des gènes culturels chinois et de la spiritualité. Ses images classiques, en noir et blanc, format carré, sont pleines d’une poésie qui veut lutter contre le pragmatisme du développement économique de son pays.
Nicola Lo Calzo, qui lui documente depuis près de dix ans la traite négrière et l’esclavage, nous livrera « Regla », le volet cubain de ce travail. Quant à Ronan Guillou, il déjouera les clichés que nous avons sur l’Alaska.
Nous laisserons également une place aux nouvelles écritures documentaires qui mêlent photographie, anthropologie, journalisme et archives. Trois projets : l’un à l’Est présenté par les éditions ESSARTER « Les Utopies rouges », les deux autres en Amérique latine ; « Is this tomorrow » un projet collectif sur les conséquences de la guerre froide et « A Study of Assassination » de George Selley sur l’influence déstabilisatrice de la CIA au Guatemala.
L’agence NOOR, basée à Amsterdam, sera l’invitée d’honneur du festival. Deux expositions monographiques, une soirée de projection, des rencontres avec les photographes et un workshop seront organisés pour célébrer cette venue.
Tënk, la plateforme dédiée au cinéma documentaire, sera à nouveau partenaire de la programmation film et nous continuerons nos rencontres avec les acteurs de la scène photographique lors de nos agoras singulières.
Pour finir nous remettrons les Prix ImageSingulières / ETPA / Mediapart de la photographie documentaire 2019 et la toute nouvelle bourse Laurent Troude, en souvenir du photographe de Libération, disparu l’an dernier.