Initialement programmée dans le cadre de la treizième édition du festival ImageSingulières, annulée pour cause de crise sanitaire, les expositions de Christian Lutz et Romain Laurendeau s’inscrivent dans la saison culturelle 2021-2022 du Centre photographique documentaire – ImageSingulières.
Christian Lutz est lauréat du Grand Prix ISEM 2020.
« Je vis dans un pays, la Suisse, où l’extrême droite représente le premier parti politique du gouvernement.
La puissance des partis de la droite populiste touche toute l’Europe.
J’ai traversé pendant 7 ans des territoires européens sur les traces de ces partis du « bon sens » qui promettent une vie meilleure.
Le populisme est une fée maléfique, elle charme avec des paroles annonciatrices d’un bonheur futur. Elle arrive à nous faire oublier que ses filets sont toxiques, qu’ils produisent la ségrégation, l’exclusion, le désespoir. Ses arguments nous renvoient à nos frontières physiques et symboliques ; ils préparent le terrain de la guerre sociale, des phobies, des asphyxies de la pensée et du lien humain. Ils manipulent nos esprits et nos instincts.
Les partis qui diffusent cette idéologie sont des oiseaux familiers, qui soudain attaquent. Ils s’inscrivent dans le paysage ; ils se logent dans les friches industrielles, dans les villes calmes et bourgeoises, dans le regard des individus. Ils sont là, dans chaque inattention de nos valeurs morales, dans chaque brèche que la peur entaille.
Cette histoire est un peu le conte d’une Europe en prise avec elle-même et la redéfinition de ses valeurs. »
Romain Laurendeau est lauréat du Grand Prix ISEM 2019.
Israéliens et Palestiniens vivent côte à côte, parfois entremêlés mais toujours dans des espaces cloisonnés. Presque tout les différencie et pourtant, ces dernières années, la consommation de drogue n’a cessé d’augmenter des deux cotés. La dernière substance en vogue chez les jeunes est le « Mister Nice Guy ».
Le « Mister Nice Guy » est un cannabis de synthèse 50 à 100 fois plus puissant que la marijuana et bien plus dangereux. Il se présente sous forme d’herbe sur laquelle ont été pulvérisés des produits divers : acétone, pesticides, speed et parfois même de la mort au rat. Le shoot est court et violent et l’addiction devient immédiate. Les conséquences sur la santé sont désastreuses : problèmes de rein et de foie, malaises, états psychiques délirants et paranoïaques, dépression.
Cette drogue est d’abord entrée discrètement dans les territoires palestiniens occupés : via Israël où elle était légale jusqu’en 2013 et très populaire chez les jeunes conscrits de l’armée israélienne. Depuis son introduction, les laboratoires ont poussé comme des champignons dans la Cisjordanie voisine.
Le centre de désintoxication de l’association Al Sadiq est situé à Al-Eizariya en Cisjordanie, à peine quelques kilomètres à vol d’oiseau de Jérusalem, mais de l’autre coté du mur de séparation. Il se trouve dans une de ces nombreuses « zones tampons » palestiniennes, livrées à elles-mêmes, et parmi les plus touchées par le trafic et la consommation de drogue.