UNE RETROSPECTIVE INEDITE
À l’occasion du centenaire de la naissance de Jean Dieuzaide, la Mairie de Toulouse consacre une grande exposition rétrospective à ce photographe d’envergure.
La Mairie de Toulouse, qui est propriétaire de la plus grande partie du fonds Dieuzaide et qui souhaite le faire vivre, présente plus de 200 œuvres et archives, parfois inédites, révélant le talent d’un artiste capable de transcender le réel et le rôle d’un homme essentiel pour la reconnaissance de la photographie.
Talentueux, exigeant et prolifique, pendant presque 60 ans, Jean Dieuzaide a travaillé sans relâche, mêlant les commandes – presse, industrie, édition et institutions – et les explorations personnelles. Si sa carrière est propulsée par le portrait du général de Gaulle en 1944, elle se poursuit en cherchant l’image forte, unique, graphique. Il la trouvait dans les rues de Toulouse, les champs du Portugal, en Catalogne ou dans les montagnes de Turquie, mais aussi dans les grands chantiers de la France des Trente Glorieuses.
Au service d’une photographie narrative, il approfondit ses prises de vue jusqu’à dévoiler sa vision, abstraite et esthétique, d’un événement, un pay- sage, un édifice. Il reste toujours en alerte, à la recherche d’un au-delà à révéler, comme dans son travail sur le brai, matière visqueuse rencontrée lors d’un reportage pour les Houillères du bassin d’Aquitaine et qui l’a fasciné. Il en a tiré la série intime Mon aventure avec le brai.
Très tôt, il échange avec ses pairs, rejoint plusieurs cercles de photographes, en crée, intensifiant son engagement pour la reconnaissance du métier et de la discipline. Naturellement, il s’implique dans les Rencontres internationales de la photographie, à Arles, auxquelles il offre un écho en créant, en 1974, la galerie municipale du Château d’Eau, à Toulouse. Elle devient la première galerie publique exclusivement dédiée à l’exposition de photographie en France.
Que ce soit à Arles, Toulouse ou Paris, Jean Dieuzaide couvre, en reporter, ces années foisonnantes, créant un fonds d’archives photographiques unique.
Sous le commissariat de Françoise Denoyelle, historienne de la photographie, auteure de nombreux ouvrages, le Château d’Eau et les Archives municipales, où est conservé le fonds, se sont mobilisés pour présenter des œuvres provenant des réserves de la Ville de Toulouse, de la famille Dieuzaide – Madame Françoise Dieuzaide et Monsieur Michel Dieuzaide – d’institutions publiques et de collectionneurs privés.
Certaines de ces images sont des icônes : Dali dans l’eau, La Petite Fille au lapin, ou encore La Gitane du Sacromonte. D’autres, sans avoir le même retentissement, ont été largement publiées et exposées. La richesse du fonds nous a permis de révéler de grandes photographies, restées inexploitées jusqu’à aujourd’hui et ouvre de nouvelles perspectives de valorisation.
Des archives audiovisuelles viennent compléter cette rétrospective présentée au réfectoire du Couvent des Jacobins. Le catalogue reprend l’ensemble de l’exposition et, avec ses archives documentées, constitue un ouvrage de référence sur Jean Dieuzaide et le monde de la photographie des années 1950-1980.
Dieuzaide connu et inconnu
L’exposition mêle à la fois des œuvres bien connues du public et des photo- graphies peu présentées, voire jamais exposées. Une relecture de l’œuvre a permis de mettre en lumière des facettes moins explorées, de découvrir des œuvres pourtant sélectionnées par le photographe, mais qui sont restées le plus souvent dans ses cartons comme Hommage à Moussorgsky, Dialogue chez mes beaux-parents à Tarbes ou bien encore Parachutisme. Une atten- tion particulière est dédiée à des photographies prises en reportage où Dieuzaide laisse en suspension le décisif et met à distance l’événement.
Dieuzaide, un grand professionnel, un artiste
Comme les photographes de sa génération, grand professionnel, Dieuzaide répond à des commandes pour des sociétés de la région toulousaine : Pe- chiney, Aquitaine chimie, AZF, Sud-Aviation et Aérospatiale… L’exposition montre d’ailleurs le photographe en action en une dizaine de portraits, ainsi que son atelier dont il a dessiné les plans. Et en majesté sur les cimaises, figurent des prises de vue exceptionnelles sélectionnées par l’artiste : Deux Concordes en stationnement, le Four solaire de Mont-Louis…
Collaborateur de plusieurs maisons d’éditions, Jean Dieuzaide effectue de nombreux reportages en France, en Sardaigne, dans la péninsule Ibérique, en Turquie et signe une trentaine d’ouvrages. Plusieurs photographies sont de- venues des icônes. La part humaniste de l’œuvre figure en bonne place dans l’exposition qui offre bien d’autres merveilles d’une œuvre riche et singulièrement plus complexe.
Hors de toute commande, Dieuzaide effectue des recherches personnelles à la prise de vue et au laboratoire. L’exposition en propose un large éventail puisé dans la célèbre série Vacances dans ma maison, mais aussi Le brai ou bien encore Recherches pour l’exposition de l’électronique.
Des œuvres, des reportages et des archives
L’exposition offre 148 œuvres, et 81 documents dont la plupart proviennent du fonds Jean Dieuzaide conservé aux archives municipales de Toulouse. Des planches contact, des contacts agrandis, des livres, des périodiques, des films mettent en perspective l’œuvre et ses conditions d’élaboration dans le contexte artistique et culturel des Trente Glorieuses et des décennies sui- vantes. Les œuvres dites artistiques et les photographies de reportage sont différenciées dans leur présentation sur les cimaises alors que les archives prennent place dans des vitrines.
Françoise Denoyelle
Commissaire de l’exposition, historienne de la photographie
AUTOUR DE L’EXPOSITION
Un cycle de conférences autour de l’œuvre de Jean Dieuzaide et de ses différentes facettes va se dérouler en décembre 2021 et janvier 2022 :
• Jean Dieuzaide, soixante ans de photographies par Françoise Denoyelle, historienne de la photographie, commissaire de la rétrospective Jean Dieuzaide au réfectoire des Jacobins
>> mardi 7 décembre à 18h30 à l’auditorium de l’Université Paul Sabatier, Toulouse III
• Une traversée de l’œuvre de Jean Dieuzaide à travers les collections de la BnF par Dominique Versavel, conservatrice des collections de photographies du XXe siècle, Département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France.
>> mardi 18 janvier à 18h30 à l’auditorium de l’Université Paul Sabatier, Toulouse III
• Le fonds Dieuzaide aux Archives municipales par Stéphanie Renard, en charge de cette collection aux Archives municipales de Toulouse.
>> mardi 25 janvier à 18h30 à l’auditorium de l’Université Paul Sabatier, Toulouse III
• Jean Dieuzaide et la Galerie du Château d’Eau, une utopie toujours vi- vante par Christian Caujolle, journaliste historien de la photographie, directeur artistique de la Galerie du Château d’Eau.
>> mardi 1er février à 18h30 à l’auditorium de l’Université Paul Sabatier, Toulouse III
Université Paul Sabatier, 118 route de Narbonne Accès Métro station Paul Sabatier, ligne B – Bus 2, 34, 56, 78, 81, 82 – VéloToulouse station 231
DIEUZAIDE DANS LA VILLE
Un parcours photographique dans les rues de Toulouse
La Mairie de Toulouse célèbre depuis le mois de juin le centenaire de la naissance de Jean Dieuzaide avec l’exposition « Dieuzaide dans la ville » sur l’espace public et en ligne jusqu’au 4 décembre, permettant à chacun de découvrir l’humanité de son oeuvre.
Ce parcours photographique dans les rues de Toulouse, un itinéraire mettant en lumière des lieux emblématiques de la vie et de l’oeuvre de l’artiste, précède la grande exposition rétrospective au Couvent des Jacobins.
Dix lieux empreints de la présence et du travail de Jean Dieuzaide accueillent une trentaine de tirages grand format et proposent aux Toulousains et aux visiteurs une déambulation inédite. Des Jacobins au Château d’eau, l’œuvre du photographe est visible de- puis la rue, sous les arcades de la place du Capitole, au marché des Carmes, sur les grilles du musée des Augustins ou de la Halle aux Grains…
Des vues remarquables de lieux notoires, tels le marché Victor-Hugo, les allées Jean-Jaurès et le marché des Carmes, témoignent du développement urbanistique et économique de la ville au cours des 60 ans de carrière du photographe. Car s’il a photographié de nombreux pays et régions à travers le monde, Jean Dieuzaide s’est aussi beaucoup intéressé à la cité garonnaise, qu’il aimait et connaissait si bien. Le goût et l’intérêt du photographe pour des sujets aussi variés que le travail, l’architecture, les sciences, l’art roman, la vie culturelle et les expérimentations photographiques trouvent une expression sensible ou inattendue.
Ce parcours réalisé par les Archives municipales guide les visiteurs de tous âges dans les pas de l’artiste et relayé virtuellement sur le site urban-hist.toulouse.fr, via des QR codes afférents aux photographies.