Après plusieurs expositions collectives aux côtés d’autres grands noms de l’art contemporain africain, fruits de l’amitié entre agnès b. et le commissaire et galeriste André Magnin, la Galerie du Jour présente Sculptures for a day, première exposition personnelle du photographe nigérian J.D ‘Okhai Ojeikere réunissant ses séries Hairstyles et Headdress.
Né en 1930 dans une communauté rurale de l’Ouest du Nigeria, Ojeikere acquiert son premier appareil photo, un Brownie D sans flash en 1950. Dans cette région où la photographie est encore presque inconnue, J.D’Okhai Ojeikere débute sa carrière durant la période de transition où le Nigeria obtient son indépendance de la Grande-Bretagne. Son travail photographique est ainsi marqué par les changements sociaux et culturels amenés par la libération.
Sensible à toutes les formes d’art mais particulièrement à celles qui s’intègrent à la vie quotidienne, Ojeikere initie sa série Hairstyles en 1968. Cette collection emblématique prend racine dans l’arrivée massive des perruques dans les années 50 au Nigeria. Dans un souci d’abord ethnographique puis purement artistique, Ojeikere immortalise l’art éphémère de la coiffure portée par les femmes nigérianes. Ces traditions capillaires qui n’ont finalement été que brièvement menacées dépassent la simple mode, elles sont le reflet des multiples facettes créatives et des structures sociales du pays.
« On peut facilement identifier une femme à sa coiffure : une femme devenue adulte ; une femme qui se prépare au mariage ou qui se rend à une cérémonie de circoncision. Quant aux familles royales, elles ont le droit exclusif sur la forme de leur coiffure, transmise de génération en génération et qui ne peut être imitée » J.D ‘Okhai Ojeikere
Ainsi, la série Hairstyles réunit près de 1000 tirages de coiffures traditionnelles nigérianes collectées à travers le pays et témoigne de la richesse et de la diversité artistique du Nigeria. Moins connue, sa série Headdress, qu’il commence au début des années 2000, explore les différentes coiffes féminines du pays, mettant en lumière l’habilité artistique et l’esthétique de l’arrangement manuel des étoffes. Ces deux séries résultent d’un effort collectif, les coiffes et coiffures sont réalisées par une personne, portées par une autre et capturées par l’artiste dans une recherche tripartite de la beauté. Les compositions sculpturales du photographe, souvent axées sur les photographies de dos, révèlent la géométrie, les formes et la puissance abstraite des coiffures.
À travers ses photographies J.D ‘Okhai Ojeikere transcende la simple mode pour élever la coiffure au rang d’art, célébrant ses motifs complexes et ses dimensions sculpturales. Ainsi ces Sculptures for a day sont immortalisées par l’objectif du photographe, offrant un langage visuel discret et cohérent, véritable hymne à la beauté éphémère de la coiffure nigériane.
J.D. ‘OKHAI OJEIKERE
Né en 1930 à Ovbiomu, Nigeria
Décédé en 2014 à Lagos, Nigeria, où il vivait et travaillait .
À l’âge de dix-neuf ans, J.D. ‘Okhai Ojeikere achète un modeste appareil Brownie D sur les conseils d’un voisin qui lui apprend les rudiments de la photographie. Son talent lui vaut d’être sollicité par la West Africa Publicity pour laquelle il travaillera à plein temps de 1963 à 1975, date à laquelle il installe son studio » Foto Ojeikere « . Lors d’un festival en 1968, il prend ses premières photographies consacrées à la culture nigériane, toujours en noir et blanc, au Rolleiflex 6×6. Dès lors, et pendant quarante ans, il poursuit dans tout le pays ses recherches organisées par thème. Hairstyle, riche de près de mille clichés, est le plus considérable et le plus abouti. Ojeikere photographie les coiffures des femmes nigérianes chaque jour dans la rue, au bureau, dans les fêtes, de façon systématique, de dos, parfois de profil et plus rarement de face. Son œuvre constitue par-delà le projet esthétique, un patrimoine unique à la fois anthropologique, ethnographique et documentaire.