La Galerie le Château d’Eau présente du 8 septembre au 31 décembre 2022, deux travaux de femmes, de deux générations différentes, de deux cultures et qui toutes deux réfléchissent sur la question de la mémoire et de l’identité, Gosette Lubondo sur son pays, le Congo, Marion Gronier sur les États-Unis. Deux façons d’aborder, différemment, ces questions qui entrent en résonance.
Marion Gronier & Gosette Lubondo
8 septembre – 31 décembre 2022
Vernissage le mercredi 7 septembre à 18h
Visite de presse le mardi 13 septembre à 11h
Questionner l’identité, décrypter la combinaison de strates qui la composent, c’est également questionner la nature et la fonction du regard que l’on porte sur elle.
Venue de France, Marion Gronier met à plat la situation des populations malmenées et marginalisées aux Etats-Unis. Dans son propre pays, la république démocratique du Congo, Gosette Lubondo recrée de façon poétique et troublante les souvenirs de l’histoire de son pays, de la période coloniale au palais du président Mobutu dans la jungle. Regard de l’intérieur, regard extérieur, des propositions plastiques radicalement différentes se retrouvent dans une façon d’affirmer la nécessité de connaitre et d’assumer l’histoire. Façon également de mieux se connaitre.
Christian Caujolle, Conseiller artistique
Née en 1976, Marion Gronier, formée par des études de littérature, développe depuis des années une approche clairement documentaire du monde. Sa série « We Were Never Meant to Survive » ( Nous n’étions pas censées survivre ) relève parfaitement du « style documentaire » par sa frontalité et la répétition du cadrage et du dispositif de prise de vue. Des Amérindiens d’Arizona, du Nouveau-Mexique et du Montana, des Africains-Américains photographiés à la Nouvelle-Orléans et en Louisiane, des Mennonites de Pennsylvanie nous regardent droits dans les yeux. Ils représentent les communautés « originelles » des Etats-Unis, les indiens qui ont été massacrés, les esclaves d’origine africaine, les immigrants anabaptistes et protestants qui furent les premiers immigrants européens. Tous, nos contemporains qui semblent enfermés dans une temporalité qui n’est plus la nôtre, sont devenus des victimes. Variant les fonds qui lui permettent de subtiles variations colorées, Marion Gronier laisse ces hommes, femmes et enfants s’exprimer silencieusement juste par leur présence, à la fois digne et meurtrie, fragile et douloureuse.
Dans cette série, Marion s’est inspirée des vers du poème d’Audre Lorde « A litany for Survival».
Christian Caujolle, Conseiller artistique
Née en 1993 à Kinshasa, Gosette Lubondo, fille de photographe, s’initie à la prise de vue dans le studio dès l’âge de 14 ans. C’est suite à des ateliers et masterclass, suite également à des études à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa qu’elle trouve sa voie et son écriture.
Sa série « Imaginary trip », qu’elle crée en 2016, lui vaut une reconnaissance immédiate. Dans un train déglingué datant de la période coloniale, métaphore de l’état de son pays mais également de l’Afrique elle pose et fait poser des personnages pour évoquer toutes les étapes d’un voyage immobile. Ces photographies qui mettent en scène des petits moments de vie quotidienne sont traitées dans une tonalité de couleurs douces et avec une apparente légèreté.
Tout comme le second « voyage imaginaire », datant de 2018, qui nous mène à une école, de style typiquement colonial, et dans laquelle les élèves en uniforme, certains devenus transparents, dialoguent avec nous par-delà le temps. Cette visualisation de la mémoire devient moins poétique avec la mise en scène très structurée de la nouvelle série, « Terre de lait, terre de miel », inédite, réalisée en 2022 à Gbadolite, dans les ruines de l’ancien palais que le président Mobutu avait fait construire dans son village natal.
Dans toutes ces séries l’histoire personnelle de Gosette Lubondo s’articule avec celle de son pays. Et de toute l’Afrique.
Christian Caujolle, conseiller artistique
Le Château d’Eau invite, pour un nouveau rendez-vous annuel, un graphiste de renommée internationale ayant collaboré pour de grands rendez-vous photographiques. Premier invité, Pierre Neumann, graphiste suisse, qui a collaboré avec les plus grandes institutions artistiques de Suisse et au-delà.
Pierre Neumann
« Photographies et mots croisés »
8 septembre – 13 novembre 2022 | 2de Galerie
Vernissage le mercredi 7 septembre à 18h
Visite de presse le mardi 13 septembre à 11h
Né en Australie de mère suisse et de père polonais, il s’est formé, dans les années soixante-dix, à l’Ecole cantonale des Beaux-Arts de Lausanne et a collaboré durant une brève période avec le grand graphiste suisse Werner Jeker.
S’il a mis en page nombre de livres et de catalogues, l’objet graphique de prédilection de Pierre Neumann reste l’affiche. Affiches pour des expositions, des institutions culturelles, des théâtres, il a toujours privilégié la collaboration au long terme aux interventions ponctuelles et a ainsi participé de façon significative à constituer l’identité visuelle de bien des lieux de culture. Il entretient une relation bien particulière à la photographie, qu’il connait bien – et qu’il pratique en amateur éclairé – qu’il respecte sans la fétichiser. Il ne l’utilise jamais en « illustration » mais sait, en l’associant aux mots, créer en même temps un impact graphique, du sens, et une mystérieuse poésie qui tient au fait qu’il ne cherche pas à affirmer un discours unique. Il structure fortement – cela vient certainement tout autant des traditions des affichistes polonais que de la rigueur graphique et typographique suisse –, évite bavardages et fioritures mais laisse ouvertes les interprétations. Et ses lectures de la photographie, la façon dont il l’emploie parfois dans un apparent contre-pied par rapport au « sujet » abordé, sont à la fois des étonnements, des propositions d’emprunter des chemins détournés et une forme de liberté basée sur le plaisir de l’œil.
Pierre Neumann a publié en 2020 Déjà-vu / Still Life aux Editions Till Schaap de Berne, consacré à ses affiches et Images en couleur, chez le même éditeur, l’année suivante.
Christian Caujolle, Conseiller artistique