Pour cette nouvelle édition de ParisPhoto, La Galerie Particulière présente le travail de trois photographes français, en mettant l’accent sur les techniques singulières qui caractérisent leurs travaux et l’unicité de la plupart de leurs œuvres : Jean- Michel Fauquet, Laurent Millet et Anne-Lise Broyer.
Les œuvres de Jean-Michel Fauquet résultent de procédés qui font appel au dessin, à la peinture et à la sculpture, avant de donner lieu à des photographies proches de l’estampe. Il s’agit essentiellement d’un travail d’atelier, où le sujet, fabriqué à partir de matériaux pauvres, est un prétexte qui suscite chez le spectateur un récit que celui-ci élabore à partir de sa propre mémoire et de son imaginaire. Ses procédés de tirage autant que l’utilisation de papiers ou de supports particuliers en font un alchimiste des temps modernes. Les photographies présentées, réhaussées d’encres et de lavis, sont des œuvres uniques créées spécialement pour cette nouvelle édition de ParisPhoto, ou jamais présentées à Paris.
Photographe et plasticien, Laurent Millet compose les chapitres d’une encyclopédie imaginaire, peuplée d’objets qu’il construit puis photographie dans des décors naturels ou dans son atelier. Ces assemblages sont des hybrides d’objets traditionnels, scientifiques, architecturaux, ou d’oeuvres d’artistes dont il affectionne le travail. Chacune de ces constructions est l’occasion de questionner le statut de l’image : son histoire, sa place, les phénomènes physiques qui s’y rattachent et ses modes d’apparition. Nous montrerons pendant ParisPhoto ses deux nouvelles séries, l’Astrophile et Cyanomètre – ensemble de 12 photographies inspirées d’un instrument inventé par Saussure au 18èmesiècle afin de mesurer le bleu du ciel. Ces séries seront complètées par des pièces uniques que sont ses ambrotypes.
Anne-Lise Broyer déclare que c’est en lectrice qu’elle aborde le monde. Elle va plus loin en prétendant que l’expérience de la photographie se confond avec celle de la lecture. Son œil circulerait dans le paysage de la manière dont il circule dans le livre, traquant la présence qui saisit, requiert, effraie ou ravit. Là où l’écrivain sortait son carnet, Anne-Lise Broyer sort son appareil et fabrique une image. Paysages ou portraits, natures mortes, des images pensives plutôt que pensées.
Mélange de photographie et de dessins, la série Regard de l’Égaré, que nous exposerons en partie, cherche également à rendre hommage à la photographie et son histoire. Ainsi, les dessins qui viennent réhausser la photographie, en en faisant une œuvre unique, créent une surface brillante qui s’apparente à celle des plaques de daguerréotype. Un simple déplacement de l’angle du regard modifie donc la perception.