La galerie Les filles du calvaire annonce la prochaine exposition personnelle de l’artiste Laia Abril. Le premier chapitre de son œuvre sur l’histoire de la misogynie On Abortion a été exposé mondialement après l’émotion provoquée aux Rencontres d’Arles en 2016. Laia Abril présente à la galerie le second chapitre : On Rape.
L’artiste continue d’élargir ses archives visuelles sur le contrôle systémique du corps des femmes à travers le temps et les cultures. Sur son nouveau travail, l’artiste dit :
« En scrutant, conceptualisant et visualisant les échecs judiciaires, en tenant compte des réglementations historiques, des dynamiques toxiques et des témoignages de victimes, le projet pointe la culture du viol institutionnel répandue dans les sociétés du monde entier. Je développe ce travail en explorant les liens entre mythes, pouvoir et droit et les notions de masculinité et de violence sexuelle.
J’ai choisi ce sujet de la même manière que le premier chapitre sur l’avortement. J’ai été saisie par un fait divers local qui m’a profondément marquée. En 2017, le tribunal espagnol a libéré cinq hommes qui avaient violé une jeune femme de 18 ans, jugés pour abus sexuel plutôt que viol, remettant en question la jurisprudence espagnole face au viol. En pleine apothéose du mouvement #MeToo, je voulais comprendre pourquoi certaines structures institutionnelles telles que la justice, le droit et la politique échouaient non seulement face aux victimes de viol, mais encourageaient en réalité la violence en préservant les rapports de pouvoir et le viol comme norme sociale.
Au regard de l’histoire, j’ai pu identifier les stéréotypes et les mythes fondés sur le genre, les préjugés et les fausses idées qui ont maintenu et perpétué la culture du viol. À travers une recherche minutieuse sur les erreurs judiciaires et l’accusation répétée des victimes, ce projet montre à quel point la société blâme encore aujourd’hui les victimes d’agression sexuelle, tout en normalisant la violence sexuelle. »
On Rape se compose d’un ensemble de photographies, d’objets et de témoignages. Le projet est pensé comme une véritable installation dont l’agencement dans l’espace constitue le cœur plastique. Ces éléments interconnectés n’offrent pas une approche linéaire ou chronologique mais permettent au contraire plusieurs niveaux de lecture. En créant des ponts entre l’histoire, les lieux et les cultures, Laia Abril rappelle l’universalité du drame du viol.
Laia Abril (1986) est une artiste pluridisciplinaire travaillant la photographie, le texte, la vidéo et le son. Après avoir obtenu son diplôme en journalisme à l’université, elle déménage à New York pour se consacrer à la photographie. Elle décide alors de faire le récit d’histoires intimes liées à la sexualité, aux troubles de l’alimentation et à l’égalité des sexes. En 2009, elle s’inscrit pour 5 ans dans une résidence proposée par La Fabrica (Madrid), et le centre de recherche Benetton à Trévise, où elle travaille comme chercheuse, monteuse et photographe pour le magazine Colors.
Les projets de Laia Abril prennent plusieurs formes, il peut s’agir d’installations, des livres, de documents Web et de films. Son travail a été mondialement exposé et publié. Il intègre à la fois des collections privées et publiques, tels que le Musée de l’Elysée et le Fotomuseum Winterthur en Suisse, le FRAC en France, le MNAC ou FotoColectania à Barcelone.
L’artiste a également publié plusieurs livres – Thinspiration (auto-édité, 2012), Tediousphilia (Musée de l’Elysée, 2014) et The Epilogue (Dewi Lewis, 2014), qui a été sélectionné pour le prix Paris Photo- Aperture, le Festival PhotoBook de Kassel, le prix du meilleur livre à Photo España, et qualifié de «chef- d’œuvre de livre photo» par le critique Jörg Colberg. En 2016, elle publie Lobismuller (RM Verlag), qui reçoit le prix Images Book au Festival Images.
Après avoir terminé son projet de cinq ans sur les troubles alimentaires, Laia Abril s’est lancée dans son nouveau projet à long terme, A History of Misogyny. Son premier chapitre On Abortion a été présenté pour la première fois aux Rencontres d’Arles en 2016 ; et a été primé du Prix de la Photo Madame Figaro, produit avec le soutien de Fotopress et nominé entre autres pour le prix ICP-Infinity et Foam Paul Huf.
L’exposition a été présentée dans plus de 10 pays, notamment à la Photographers Gallery (Londres), le Musée d’art contemporain (Zagreb) et le Centro de la Imagen (Mexique). Le livre On Abortion and the repercussions of lack of access (Dewi Lewis, 2018) a reçu le prix du meilleur livre Aperture en 2018 et a été finaliste du prestigieux Deutsche Borse Prize en 2019.