Lauréats 2018 – PRIX HSBC POUR LA PHOTOGRAPHIE
Raphaëlle Stopin, conseillère artistique 2018, a proposé 12 photographes aux membres du Comité exécutif qui ont choisi les 23ème lauréats du Prix HSBC pour la Photographie : Antoine Bruy et Petros Efstathiadis.
Le Président du Prix HSBC pour la Photographie et les membres du Comité exécutif ont décidé, à titre exceptionnel, de décerner un Prix Joy Henderiks ; prix rendu en son hommage et sa précieuse contribution au rayonnement du mécénat culturel pour HSBC en France.
Le Prix Joy Henderiks a été attribué à Olivia Gay pour sa série « Envisagées ».
Antoine Bruy
Antoine Bruy est un photographe à la pratique documentaire. Son sujet, géographiquement circonscrit à des territoires donnés, est traité avec la rigueur du genre. Portraits
et paysages viennent raconter ensemble, d’une même voix, comment, sur ces bouts de terre, l’homme a mêlé artefacts et éléments naturels pour tisser cette matière étrangement homogène : un habitat où l’on ne saurait distinguer qui de l’homme ou de la nature a pris le pas sur l’autre. Tricots de caravanes, de planches, de mousse et de
panneaux solaires, ils sont co-constructions, édifiés à la faveur d’un dialogue entre l’homme et son environnement. C’est ici la réalisation d’une utopie, pas de celles
que l’on nous présente flambant neuves, mais qui ont passé l’épreuve du temps qui ravine.La palette chromatique, douce, tempérée, a elle aussi fait l’objet de toutes les attentions du photographe, un même camaïeu pour les hommes et son habitat, une même caresse pour toutes les surfaces. A l’image de l’environnement photographié, la première impression dégagée par le travail d’Antoine Bruy peut être celle d’une relative absence de formalités, un ensemble à l’architecture intuitive qui se serait construit au gré des rencontres, puis rapidement, par le traitement de la couleur, par ses portraits posés, le cadre impose sa tenue et les photographies de faire communauté.
Raphaëlle Stopin
Conseillère artistique 2018
Petros Efstathiadis
Il a été vu, çà et là, au cours de ces dernières années, nombre de ces constructions étranges, de ces mises en scène foutraques, œuvres récréatives d’artistes à l’imaginaire fertile, faisant de leur environnement proche leur terrain de jeux. Des mises en scène dont il revient alors à la photographie de dépasser leur éphémère condition. Le travail de Petros Efstathiadis ressort de cette pratique de la mise en scène. Elle est chez lui insolite de prime abord, drôle parfois ensuite, tragi-comique éventuellement, et
très certainement toujours enivrante d’inventivité visuelle. Mais ce qui sépare la démarche du photographe d’un travail purement récréatif et trop simplement formaliste, c’est la terre où il a choisi de se tenir pour déployer ses constructions. Il s’adresse à nous depuis là où il a grandi : le nord de la Grèce, près de la Macédoine. Il ne s’agit donc
pas ici d’un bataillon d’images déracinées, décontextualisées, mais de photographies d’une terre en mutation, que l’artiste vient augmenter d’une sorte d’infra réalité, de celle que seuls les enfants peuvent déceler. Ces constructions faites de bric et de broc, des rebuts qu’il trouve dans les arrière-cours de son village natal, viennent raconter les espoirs, bientôt déçus, d’un père cultivateur de pommes dans une Grèce européenne, de jeunes filles aspirant à la célébrité, d’un village traversé par la crise croyant se racheter une santé en vendant ses terres à un exploitant de gaz russe, de jeunes, émeutiers d’un jour, se confectionnant des bombes artisanales de savon et de mousse à raser couronnées de pâquerettes. A travers ce milieu microcosmique du village, Petros Efstathiadis concentre puis restitue tous les traumas du pays. La folie visuelle dit ici le vertige vécu au cours des dernières années, et dans l’œil du cyclone, on trouve comme téléportée sur le sol de ce village, une cabane qui pourrait bien avoir été photographiée par Walker Evans, en Alabama, pendant la Grande Dépression.
Raphaëlle Stopin
Conseillère artistique 2018
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