L’Astrophile
La dérive de Laurent Millet dans l’imaginaire scientifique et ses corolaires se poursuit. Au bord d’espaces déserts, à la limite de là où le vide attire à lui tout ce que l’homme peut bien faire pour tenter d’exister, un personnage et des installations aux apparences incertaines nous font face. Des bribes d’architectures, d’observatoires, d’appareils de mesure, campent un théâtre énigmatique. Les machines célibataires se disputent l’espace avec l’interprète humain dans une rencontre dont la photographie assure en même temps les conditions et la finalité. Les objets déconstruisent l’espace, alimentent la distance, et contribuent à construire un paysage unique, à la fois théâtralisé et réel grâce au miracle photographique. Une sorte de mélodie s’élabore devant ces arrières plans dont parle Rilke :
« C’est au loin, dans des arrières plans éclatants, qu’ont lieu nos épanouissements. C’est là que sont mouvements et volonté. C’est là que se situent les histoires dont nous sommes les titres obscurs. C’est là qu’ont lieu nos accords, nos adieux, consolations et deuil. C’est là que nous sommes, alors qu’au premier plan nous allons et venons. »
Cyanomètre
Inspiré d’un instrument inventé par Saussure au 18e siècle afin de mesurer le bleu du ciel, cette nouvelle variante associe à cet instrument ancien la chimie photographique. Le bleu encré utilisé par Saussure est remplacé par le bleu du cyanotype, dont les conditions d’apparition sont liées à la lumière dont il se propose de mesurer par ailleurs la couleur et l’intensité. Une autre image est aussi présente sur la même feuille de papier, une impression numérique noir et blanc montrant l’élaboration d’un dessin d’ellipses. Celles-ci viennent rappeler de façon distancée le rapport aux astres et aux représentations de la courbe de leurs déplacements. Le nuancier constitue un ensemble cohérent, même si les images qui le constituent peuvent être considérées de façon autonome.
La Galerie Particulière
16 rue du Perche
75003 Paris