La Galerie Particulière est très heureuse de présenter pour la première fois en France, à Paris Photo, une sélection d’oeuvres de la nouvelle série de Lise Sarfati « Oh Man » – réalisée en 2012 et 2013 à Los Angeles. Cette série est accompagnée d’un catalogue publié par Steidl qui sortira en novembre 2017.
Lise Sarfati, Oh Man
Oh Man est une série de dix sept photographies, quinze en couleur et deux noir et blanc de grand format, série réalisée en 2012 et 2013 à Los Angeles.
Le travail de Lise Sarfati après The New Life, She et On Hollywood se situe à nouveau dans l’espace urbain. Avec Oh Man elle confirme son refus du pittoresque romantique. Elle prolonge une oeuvre qui possède une sorte de complexité intérieure et qui ne peut être réduite à une vue unique et globale et ne peut être saisie comme un objet.
Lise Sarfati cite Baudelaire à propos de sa série Oh Man :
«Dans certains états de l’âme presque surnaturels, la profondeur de la vie se révèle toute entière dans le spectacle, si ordinaire qu’il soit, qu’on a sous les yeux. Il en devient le Symbole.»
Elle investit la ville de manière personnelle et métaphorique. Elle repense ce qui existe déjà.
La vitalité primaire, viscéral, incoercible venue du déracinement : des hommes marchent et l’indifférence radicale de leur corps occupe le coeur vide de Los Angeles.
Elle travaille sur une image qui toujours crée une discussion avec le spectateur, une image dans laquelle nous pouvons nous projeter mais aussi nous sentir libre.
Toute la série est baignée d’une lumière solaire. Ce point de vue lumineux agit comme une illumination sur l’image comme pour éclairer notre vision. Lise Sarfati a travaillé d’une manière très précise sur le choix de cette lumière solaire intense.
« J’ai travaillé sur la distance pour créer un rapport ambigu de la relation de l’homme au paysage. Mes images sont de grand format mais par leur équilibre elles permettent au spectateur une liberté extrême : celle de s’attacher au paysage ou à la figure humaine »
Les figures des photographies, les personnages tels qu’elle les définissait dans ses séries The New Life, She et On Hollywood, sont ici fantomatiques. La série Oh Man crée une sensation trouble : les hommes sont à la fois anonymes et pourtant familiers. Ils sont filmés par des caméras digitales de surveillance et deviennent le détail d’un paysage virtuel. Ce que J.C Ballard, une référence de Lise Sarfati, à propos du système de surveillance informatisé appelle un «cauchemar orwellien devenu réalité, mais déguisé en service public.»
Oh Man nous donne le sentiment d’être n’importe où au centre ville d’une mégapole des Etats-Unis. Le paysage américain de la ville dans les photographies de Lise Sarfati défile le long des entrepôts comme une longue liste de signes sans affect : United State Post Office, NAB Sound, Toys, Clothing, Handbag, Cosmetics …
Lise Sarfati n’a cessé de s’interroger sur le vide à travers ses différentes séries et de la relation de l’homme au monde extérieur. Dans Oh Man nous sommes balancés par la sensation ambiguë du paysage, entre l’attirance du vide et la jouissance de l’espace traversé par l’homme qui marche.
Christophe Lunn