Plus que jamais, le projet Samaritaine est lié à la photographie. Après avoir commandé un état des lieux explorant les onze niveaux du bâtiment avant transformation, alors que la reconstitution des archives visuelles se poursuit, nous continuons à solliciter les photographes pour que leur regard nous révèle des interprétations inusitées des lieux, pour qu’ils éclairent un monument mythique de Paris inaccessible depuis déjà dix ans.
Après avoir demandé à cinq jeunes français et cinq jeunes étrangers de nous donner leur vision du lieu, ce sont dix étudiants et anciens élèves de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts qui, l’an passé, avaient décliné les grandes directions de la photographie contemporaine.
Au moment où le chantier – qui sera suivi et chroniqué par différents photographes – prend enfin toute sa mesure nous avons choisi pour cette troisième étape de réunir – ou confronter – des écritures aussi affirmées que différentes.
Le visiteur sera accueilli par une sélection du travail de Pierre-Olivier Deschamps qui a documenté le lieu mais qui a su, au-delà de l’exploration systématique et technique, produire des images questionnant la fonction de la couleur et de la composition dans l’approche de l’espace et de l’architecture. Il se plongera ensuite dans les photographies poétiques, parfois à la limite de la
fragilité, vibrantes et lumineuses, d’une Sarah Moon se coulant avec fluidité dans l’immensité du lieu pour se situer entre détails et ample respiration. Georges Rousse, lui, a comme a son habitude, joué en magicien sur la perspective en intervenant in situ pour transformer radicalement la perception de l’espace. Sa grande pièce colorée sera accompagnée des études préparatoires. Le suédois JH Engström s’est lui aussi confronté à l’espace, en couleurs, en alternant le négatif et le Polaroïd. Il a vu en noir et blanc Paris à partir de La Samaritaine et se joue de la lumière pour établir une tension entre réalisme et fiction. Michael Ackerman, quant à lui, a plongé avec fascination dans un lieu inconnu et il y a retrouvé, entre éclats de lumière et profondeur des noirs des échos aux sentiments qui traversent son oeuvre. Avec leur chambre grand format, avec le sens de la couleur et l’efficacité qui les caractérisent, Yves Marchand & Romain Meffre se confrontent à l’architecture, questionnent la frontalité, prennent le bâtiment à bras le corps.
Tous, comme dans les éditions précédentes, ont des regards différents. Plus affirmés, plus fermes, plus déterminés, plus tranchés.
Au moment où vous verrez ces images, elles ne seront plus possibles à produire. La Samaritaine aura entamé sa transformation, sa mutation, sa marche vers un avenir des plus contemporains. La confrontation esthétique des auteurs qui se sont approprié un lieu est également un grand moment de mémoire. De pure photographie.
Christian Caujolle, Commissaire, responsable du projet
Assistant au commissariat : Hugo Fortin
INFORMATIONS PRATIQUES
67-73 rue de Rivoli
75001 Paris