Les trois premières éditions de Ma Samaritaine ont été, d’une certaine manière, des formes de visite et un état des lieux.Guidés tour à tour par des jeunes photographes français et étrangers, puis par de tout jeunes artistes en devenir et enfin par des signatures unanimement reconnues, nous avons été confrontés à des visions éclectiques de l’espace.Il en reste, malgré tout, avec parfois de la nostalgie, un réel sentiment de grandeur du bâtiment, d’immensité, de navire amiral en attente de départ.Et c’est la lumière, pour tous ces photographes et quelle que soit leur approche, qui a déterminé leur point de vue.
Aujourd’hui, alors que les machines cassent, que les espaces sont bouleversés, que les structures apparaissent différemment un étrange phénomène s’est produit.Les jeunes artistes formés au studio national des arts contemporains Le Fresnoy ont abordé très directement la matérialité du chantier.Soit ils ont produit des oeuvres clairement documentaires, hésitant entre description fascinée de la destruction et évocation de l’origine biblique du nom des lieux, soit ils ont récupéré des éléments physiques, aussi bien des dalles de verre brisées que des éléments de mur pour les utiliser comme négatif.De très savantes compositions, qui allient des techniques remontant aux origines de la photographie à des points de vue très contemporains établissent ainsi une tension temporelle très sensible.Et, dans bien des cas, au-delà même des images et de ce qu’elles représentent, l’articulation entre réalisme et fiction est directement posée.
Travailler en partenariat avec Le Fresnoy, outre le fait de donner aux artistes les meilleures conditions techniques de production, c’était également ouvrir le projet à l’image animée.Projet déjà ancien, mais plutôt complexe à mettre en oeuvre.Signe des temps, évolution du statut de l’image, une institution aussi en pointe que Le Fresnoy a vu, au fil des ans, ses étudiants se passionner de plus en plus pour la vidéo et les installations.Délaisser un peu l’image fixe, avant d’y revenir partiellement par la récupération des procédés historiques.Cette nouvelle étape visuelle, qui est tout aussi éclectique dans la sélection des artistes qu’en ce qui concerne la photographie au cours des dernières années insiste sur la dimension très contemporaine du projet.Celui du bâtiment comme celui des regards que nous souhaitons porter sur lui.
10 REGARDS SUR UN LIEU UNIQUE