ANDREAS MÜLLER-POHLE, une figure centrale de l’avant-garde photographique européenne
Première présentation en France
3 séries / 3 vidéos / 86 oeuvres
Andreas Müller-Pohle s’est concentré sur le rôle et les conditions de création et de réception de la perception photographique. Ses séries, initiées en 2005, au- tour de l’eau et de sa fonction écologique vitale, offrent une vision lyrique aussi bien que critique de cette problématique majeure.
Müller-Pohle met au point un mode de prise de vue singulièrement original : il photo- graphie mers et rivières « de l’intérieur », soit en captant la houle à ras de l’eau, soit en s’immergeant complètement. Il nous donne ainsi à voir berges, côtes, environnement dans leur état naturel, ou encore l’altération que nos sociétés industrielles leur font subir, au travers de couleurs liquides dans lesquelles le photographe se mêle, voire se confond tout au long d’un véritable « water movie ».
Ce point de vue extrêmement subjectif constitue, à l’opposé des photographes purement documentaires, factuels et objectifs, caractéristiques de l’« École de Düsseldorf », une approche résolument poétique et novatrice, unique dans la photographie environnementale contemporaine. Elle permet une rêverie bachelardienne autour des milieux aquatiques, tout en conservant un regard profondément critique face à la détérioration écologique d’un élément soumis aux lois dévastatrices de l’industrialisation et de la consommation.
L’exposition et son catalogue présentent les trois projets réalisés par Andreas Müller-Pohle, illustrant ce dispositif photographique, et les visions qui en découlent.
The Danube River Project, 2005
Le Danube, seul fleuve européen reliant l’ouest à l’est du continent, jouit d’une vision idyllique dans l’inconscient collectif. Il traverse un vaste territoire culturel, politique, historique, de l’Allemagne à la Bulgarie, marqué, sur plus de 2000 kilomètres, par l’ancien régime soviétique. Dans son odyssée aquatique, des sources du fleuve à son embouchure, Andreas Müller-Pohle présente le Danube et ses rives tel une scène théâtrale sur laquelle s’inscrivent les perspectives géographiques, culturelles et diver- gentes des pays traversés par le Danube, dans d’étranges et inattendues métaphores poétiques, nous donnant à voir ce grand fleuve d’une façon entièrement neuve. Sous chaque image sont inscrites les analyses chimiques du fleuve, à l’endroit même de la prise de vue, contrepoint factuel et scientifique à la poétique évoquée plus haut.
Hong Kong Waters, 2009 – 2010
Sans la mer qui l’entoure, Hong Kong n’aurait jamais été la ville prospère et tentaculaire qu’elle est aujourd’hui, archétype de la modernité et de ses effets secondaires souvent négatifs. C’est cette « culture océanique de la ville » que Andreas Müller-Pohle explore photographiquement, justement depuis la mer elle-même en laquelle il s’immerge, offrant ainsi une série de points de vue étonnants, où se mêlent la stupéfiante organisation architecturale de ses côtes et les marques évidentes d’une nature tropicale exubérante encore intacte parfois, mais tragiquement menacée par le cancer industriel et technologique. Ces images donnent de Hong Kong une perspective inattendue, d’une beauté ambiguë, accordant au règne aquatique et maritime une place éminemment symbolique et poétique.
Kaunas upon the Rivers, 2017
Située en Lituanie, la petite ville de Kaunas, au confluent de deux importantes rivières, offre à Andreas Müller-Pohle, alors en résidence photographique, et à son approche si particulière, un lieu sans qualité singulière, mais particulièrement épargné du fait de sa position fluviale quasi bucolique, une vision idyllique, où la nature européenne se trouve encore heureusement épargnée.