La MEP est heureuse de présenter la première exposition institutionnelle en Europe du jeune artiste japonais Motoyuki Daifu. S’inscrivant en résonance avec l’exposition Love Songs, cette exposition est consacrée à la série « Lovesody » (2008), qui raconte sa « rhapsodie amoureuse », une histoire d’amour fulgurante.
En 2008, Motoyuki Daifu a 23 ans et s’éprend éperdument – au premier regard – d’une mère célibataire d’un garçon de deux ans, qui attend un nouvel enfant. Leur relation devient le sujet d’une série de photographies en couleurs empreintes de joie et de tendresse, mais aussi de mélancolie. Le photographe invente le titre « Lovesody » – un mot-valise réunissant les termes « amour » et « rhapsodie » en anglais – qui traduit pour lui cette histoire aussi inattendue que fulgurante.
À travers ses clichés pris sur le vif, le photographe réalise le portrait émouvant et sans fard de la vie quotidienne du couple. Citant comme influence les images spontanées irrévérencieuses et sans artifice
de Juergen Teller, Motoyuki Daifu nous ouvre la porte d’un petit appartement où règne un certain chaos, avec des clichés très intimes sans mise en scène. Envahi de jouets, de vêtements froissés entassés, de sacs poubelles débordants, cet espace exigu, à mille lieues de nos idées reçues sur la maison japonaise structurée et minimaliste, nous invite à découvrir la beauté et la grâce qui émergent du désordre de la vie.
Cette relation ne durera que six mois, le temps de la fin de la grossesse et des premières semaines du nourrisson. Le caractère éphémère de leur amour, allié à la vulnérabilité de cette jeune femme à l’approche imminente de la naissance de ce deuxième enfant, rend les images encore plus poignantes, et fait de Motoyuki Daifu le témoin sensible d’une période remplie à la fois de bonheur et d’incertitude. Lovesody nous permet de ressentir la position ambiguë de l’artiste pendant cette période : son regard passe sans cesse de celui d’un amoureux fervent à celui d’un ami complice, d’un père protecteur, et même d’un enfant recherchant l’attention de sa mère. La série nous invite en même temps à découvrir la beauté et la grâce dans l’inévitable désordre de la vie.
Né à Tokyo en 1985, Motoyuki Daifu vit et travaille à Kanagawa, Japon. Il est diplômé du Tokyo Visual Arts College en 2007. Il décide à l’âge de 19 ans, alors qu’il est encore étudiant, de se consacrer à la photographie, en documentant dans des clichés bruts l’intimité de sa famille, constituée de sept personnes partageant un petit appartement chaotique. Depuis, sa vie quotidienne s’est érigée en source continuelle d’inspiration.
En 2014, Motoyuki Daifu est l’un des finalistes pour le prestigieux prix Pictet ainsi que pour le Nissan Art Award en 2017.
Son travail fera l’objet de nombreuses publications dont Lovesody (Little Big Man Books, 2012) et Project Family (Dashwood Books, 2013) ainsi qu’Hypermarché- novembre (The Gould Collection, 2018) qui juxtapose ses images et des poèmes de l’écrivain français Michel Houellebecq.
Il est représenté par la galerie Misako & Rosen, Tokyo.