Depuis 2018, ImageSingulières, l’ETPA et Mediapart s’associent à travers deux prix pour aider des photographes à achever un projet sur lequel ils ou elles travaillent depuis quelques mois voire quelques années.
– le Grand Prix ISEM, doté de 8000 euros et ouvert aux photographes du monde entier, est destiné à développer et achever un travail en cours.
– le Prix ISEM Jeune Photographe, doté de 2000 euros, récompense un ou une photographe de moins de 26 ans résidant en France.
Ces deux prix font aussi l’objet de portfolios sur le site web de Mediapart.
Née au Liban en 1992, elle vit et travaille à Beyrouth. Depuis l’âge de 16 ans, elle photographie la ville dans une approche documentaire mais aussi de recherche personnelle. « Comme un moyen d’explorer, de défier et de résister à la société », écrit-elle. Ces dernières années, la crise économique et financière que connait le pays, les manifestations monstres demandant le départ d’une classe politique corrompue, l’explosion dans le port de Beyrouth le 4 août dernier et la crise sanitaire aujourd’hui, ont profondément transformé son travail.
En réponse à l’urgence dans laquelle vit aujourd’hui le Liban, et alors que les grandes contestations ont pu faire tomber certaines barrières confessionnelles et sociales, elle répond par une production foisonnante, « presque boulimique. Car il se passe toujours quelque chose » qui peut faire basculer le pays. La série qu’elle a présentée au jury témoigne d’un Etat au bord de l’effondrement, où les colères s’agrègent, et où le désespoir de toutes les couches et classes de la population n’a d’égal que le courage et l’espoir de certains pour bâtir un nouveau Liban.
Myriam Boulos recevra une aide de 8 000 euros pour poursuivre son projet dont les premières images seront publiées prochainement en portfolio sur Mediapart. Il sera également exposé en 2022 au festival ImageSingulières à Sète.
Le jury a aussi retenu le travail de quatre autres photographes, finalistes de ce Grand Prix:
– Red Black White de Nazik Armenakyan : une série de portraits et natures mortes relatant la condition des femmes malades du sida en Arménie, femmes contaminées par leur mari ;
– Les deux pieds sur terre d’Alexa Brunet : le suivi sur des années d’adolescents devenus jeunes adultes aujourd’hui prêts à reprendre avec sérénité l’exploitation agricole de leurs parents en Ardèche ;
– Les plantes guérisseuses de Florence Goupil : l’utilisation de la médecine traditionnelle à base de plantes par le peuple indigène Shipibo-Konibo du Pérou à l’heure de la pandémie ;
– et Measure and Middle d’Ingmar Bjorn Nolting, sur la crise du Coronavirus en Allemagne.
Le Prix ISEM Jeune Photographe a été attribué à Cloé Harent pour sa série Le temps d’une pause. La photographe, née en 1998 dans la région toulousaine, documente avec une certaine tendresse la vie dans les fermes biologiques et particulièrement les hommes et femmes qui ont choisi d’y consacrer un moment de leur temps, en faisant du woofing.