Avec cette nouvelle exposition, le Pavillon Populaire met sur le devant de la scène deux femmes artistes majeures du xxe siècle qui ont eu pour particularité de débuter leurs pratiques artistiques par la photographie avant de consacrer leurs carrières à d’autres champs disciplinaires : la littérature pour l’une et la peinture pour l’autre.
Après avoir expérimenté la photographie, Eudora Welty choisira l’écriture comme terrain de prédilection pour décrire le Sud des États-Unis et deviendra une nouvelliste et romancière de grande réputation (elle obtiendra le Prix Pulitzer en 1973 pour son roman La Fille de l’optimiste).
Gabriele Münter incarnera quant à elle l’une des représentantes de l’avant-garde expressionniste munichoise en tant que membre du mouvement artistique Der Blaue Reiter et compagne de Vassily Kandinsky.
Ce sont donc deux regards complémentaires que nous propose l’exposition au travers des photographies réalisées par ces femmes artistes, à quelques années de différence, sur un territoire géographique commun : le sud-est des États-Unis.
De son voyage initiatique auprès de sa famille émigrée aux États-Unis en 1846, Gabriele Münter retient sa découverte des vastes étendues américaines, des
villes et de leurs progrès techniques, des modes de vie américains et des différences de droits entre les communautés blanches et noires. Eudora Welty apporte un témoignage plus tranché sur sa région natale du Mississippi acculée par la pauvreté et le racisme endémique qui la traverse, en fixant son objectif sur des personnes en marge de la société ou sur la condition des femmes noires aux États-Unis.
En filigrane se dessinent, pour l’une comme pour l’autre, les procédés artistiques qu’elles utiliseront dans la suite de leurs carrières : un goût pour la composition picturale et l’architecture de groupe chez Münter, un sens des relations humaines et l’inscription du corps dans son environnement social pour Welty.
L’exposition « Gabriele Münter, Eudora Welty. Au début, la photographie » et ses commissaires Isabelle Jansen et Gilles Mora nous invitent à redécouvrir au travers de ces parcours de femmes une lecture sensible et protéiforme de l’histoire du Sud des États-Unis au vingtième siècle.