Le Studio est fier de présenter le travail de l’artiste iranien Pooya Abbasian. À travers une pratique invoquant la photographie, la vidéo, le dessin et l’installation, il s’intéresse à la relation complexe et souvent paradoxale entre l’image et l’idée qu’on peut se faire de la réalité et de la vérité. Sans en faire le sujet principal de son travail, Pooya Abassian s’inspire, pour certains projets, de son enfance en Iran et de sa migration vers l’Europe à l’âge de 26 ans.
La pièce maîtresse de l’exposition est le court-métrage Maltournée, que l’artiste décrit comme un rendez-vous manqué avec une communauté de réfugiés vivant le long du canal Saint-Denis, près du Stade de France, qui ont brusquement disparu après avoir été évacués par la police. Dans ce film, Pooya Abbasian documente poétiquement les traces qu’ils ont laissé derrière eux à l’aide de travellings, de dialogues et de voix off qui soulignent l’intensité de leur absence. Il évoque ainsi les émotions, les situations et les objets qui emplissaient autrefois ce no man’s land. Ce film a été produit avec le soutien de la Fondation Wim Wenders dans le cadre d’un projet dans lequel six cinéastes iraniens, encadrés par le réalisateur Wim Wenders, ont exploré le thème « l’esprit des lieux » en Iran ou en exil.
L’exposition comprend également des fragments de toilettes ou d’éviers brisés collectés dans les banlieues. Par un procédé inspiré des émulsions photographiques, il transforme la céramique de ces objets en surface photosensible, sur laquelle sont projetées des photographies prises aux abords des lieux où ils ont été trouvés. De ce processus aléatoire naissent des images délicates et précaires qui transforment les fragments en fossiles, vestiges fragiles d’un lieu abandonné, hanté par son passé, existant quelque part entre mémoire et fantasme.
Pooya Abbasian, né en 1985, est un artiste iranien vivant à Paris depuis 2011. Collaborateur proche de longue date du réalisateur iranien Jahar Panafi, il a projeté ses films dans de nombreux centres d’art et festivals dont la Fondation Pejman, au CPH-DOX Dokumentary Filmfestival Copenhagen, au Pictoplasma Festival Berlin et au BelDocs Festival à Belgrade. Ses œuvres font partie de la collection du CNAP (Collection nationale
d’art contemporain) et ont été présentées au Musée d’art contemporain de Téhéran, au Plateau Frac Île-de-France, au Grande halle de la Villette, chez Poush et à l’Association La Source-La Guéroulde. Il a également illustré et écrit plusieurs albums jeunesse publiés chez Gallimard et Actes Sud. Il fait actuellement partie du programme de résidence d’artiste de la Fondation Fiminco 2023-2024.