Photographies de propagande allemande et des photographes juifs des ghettos d’Europe orientale (Octobre 1939-août 1944)
Exposition présentée par le Mémorial de la Shoah en 2013, sous la direction de Jacques Fredj, commissariat Sophie Nagiscarde et Marie-Edith Agostini, adaptée en 2018 pour le Pavillon Populaire, commissariat Alain Sayag et Sophie Nagiscarde
Durant la Seconde Guerre mondiale, les ghettos créés par les nazis dans les villes d’Europe orientale attirent non seulement les photographes travaillant pour les services de propagande national-socialiste, mais aussi un certain nombre de « touristes » des troupes d’occupation. Il convient donc de distinguer « photographies officielles », souvent mises en scène, et celles qui sont prises au «hasard». Cependant, toutes baignent dans la même atmosphère, participant plus ou moins consciemment des mêmes stéréotypes.
Comme l’écrit le philologue Viktor Klemperer, le IIIe Reich parle « avec une effroyable homogénéité à travers toutes ses manifestations, à travers l’ostentation démesurée de ses édifices pompeux, à travers le type de ses soldats, SA et SS, qu’il fixait comme des figures idéales sur des affiches toujours différentes mais toujours semblables, à travers ses autoroutes et ses fosses communes », comme à travers la figure du juif stigmatisée et haïe.
Les photographes juifs, eux, essaient de restituer, malgré toutes les contraintes, l’image d’une société qui tente de préserver une certaine normalité. Dès septembre 1939, les juifs allemands ne peuvent plus posséder d’appareils photographiques, mesure étendue rapidement à tous les ghettos. Les photographes travaillant pour l’administration juive, les « judenrat », reçoivent l’ordre de « ne prendre aucun cliché à des fins privées ». Mais pour les plus notables d’entre eux, comme George Kadish (1910-1997) ou Mendel Grossman (1913-1945), il s’agissait d’« une mission historique de communiquer des images de ces terribles évènements… aux générations à venir ».
La diversité de l’ensemble photographique qui sera montré au Pavillon Populaire constitue ainsi un apport documentaire exceptionnel qui permet de mieux comprendre cette période dramatique.
Alain Sayag, Commissaire de l’exposition :
Après des études d’économie politique et d’histoire de l’art, Alain Sayag entre en 1972 dans l’eéquipe chargée de la réalisation du Centre Pompidou. Il fonde puis dirige, de 1981 à 2006, le Cabinet de la photographie.
Il a organisé de très nombreuses expositions, consacrées notamment à Robert Rauschenberg (1981), David Hockney (1982), Hans Bellmer (1983, 2006), « L’invention d’un art » (1989), Man Ray (1997), Brassaï (1999), Jacques-Henri Lartigue (2001), William Klein (2005) et Hélène Hoppenot (2016). Il a participé à la création du Festival de la photographie de Pingyao et a été commissaire de la Biennale de Guangzhou.
Il a signé de nombreuses publications, dont « De la photographie comme un des beaux-arts » (Centre national de la Photographie, 1989), « Man Ray, la photographie à l’envers » (Seuil, 1998), « Brassaï » (Centre Pompidou, 2000), « Lartigue » (Seuil, 2003), et « Hélène Hoppenot. Le monde d’hier » (Hazan, 2016).