Avec « LOVE, Ren Hang », première exposition majeure et institutionnelle consacrée au photographe Ren Hang, la MEP honore la mémoire de l’artiste chinois le plus influent de sa génération, tragiquement disparu à l’âge de 29 ans.
Exposé dans de nombreuses galeries à travers le monde, régulièrement publié dans des magazines de mode tels que Purple et Numero, Ren Hang laisse, après son suicide en 2017, une œuvre complète que l’exposition « LOVE, REN HANG » aborde à travers tous les aspects de sa pratique artistique, de la photographie à la création de livres et d’écrits auto-publiés. Présentées pour la première fois au sein d’une institution française – à Paris, une ville que l’artiste aimait particulièrement – 150 photographies sélectionnées par la MEP, au sein de collections d’Europe et de Chine, font prendre la mesure de ce corpus majeur.
Avec audace, l’œuvre de Ren Hang questionne la relation à l’identité et à la sexualité. Particulièrement influent auprès de la jeunesse chinoise, son ton subversif déstabilisait d’autant plus l’environnement politique et moral de son pays. Son travail, souvent censuré ou qualifié de pornographique – bien que Ren Hang affirmait qu’il n’était pas destiné à défier l’establishment politique – reste, vis à vis d’un contexte répressif, l’expression d’un désir de liberté de création, de fraicheur et d’insouciance. Sa vision, unique, est une référence évidente au « réalisme cynique » (mouvement artistique chinois né des événements de Tian’anmen en 1989).
Immédiatement reconnaissable, l’œuvre de l’artiste se compose essentiellement de portraits, de paysages et de nus. Ren Hang travaille avec ses proches – ses amis et sa mère – ou avec de jeunes chinois sollicités via internet ; il produit ses images emblématiques dans les espaces confinés de son appartement ou dans la ville et les jardins. Si ses photographies semblent mettre en scène ses sujets, elles sont pourtant le fruit d’une démarche spontanée et instinctive. Leur prise de vue, sur le vif, leur confère légèreté, poésie et humour.
Composée de grands et de petits tirages, l’exposition occupe tous les espaces du deuxième étage de la MEP. La scénographie n’offre pas une lecture par série de l’artiste mais met d’avantage en regard ses différents univers. Avec une approche chromatique, le visiteur traverse les différentes constellations de son univers onirique : la présence du rouge, les couleurs acidulées, une salle consacrée à sa mère, une autre, plus sombre, dédiée à des prises de vue nocturnes. Une dernière salle rassemble un travail plus « osé » sur le corps, créant un lien, fort et organique, entre l’érotisme et la nature.
À découvrir également au sein de l’exposition, un aspect moins connu du travail de l’artiste, ses poèmes et écrits qu’il consignait sur son site internet qu’il alimentait régulièrement. Ces textes étaient pour la plupart des méditations liées à son combat contre la dépression. « Si la vie est un abîme sans fond, lorsque je sauterai, la chute sans fin sera aussi une manière de voler » écrivait-il.
La présentation simultanée à La MEP de Ren Hang et Coco Capitán – qui ressentait d’ailleurs une grande affinité avec le travail de celui-ci – n’est pas une simple coïncidence. S’ils n’ont jamais eu l’occasion de se rencontrer, ils entretenaient cependant une relation épistolaire. Ensemble, leurs œuvres offrent une vision alternative aux trajectoires croisées de la mode, de la performance, du texte et des approches les plus originales de l’image photographique.