«… Durant plus de vingt ans, Todd Hido a travaillé sur plusieurs ensembles d’images, souvent en même temps. Quand chaque ensemble a acquis la densité d’un projet abouti, Hido l’a publié sous forme de livre et exposé comme une suite de tirages. Ce qui est présenté ici est une séquence extraite de toute la profondeur et de l’étendue de son oeuvre singulière : Le voyage hasardeux, l’errance, la quête et le retour.
Si les photographies et leur agencement de Todd Hido semblent narratifs, c’est parce qu’ils suggèrent des histoires non racontées et de possibles scénarios. Ces suggestions sont autant les vôtres que celles de Hido, elles viennent sans doute autant du cinéma et de la littérature que de l’expérience personnelle…
Ces photographies sont réalisées posément – il y a ici peu d’images prises « à la sauvette » –, mais comme tant des meilleures images connues, elles semblent avoir été provoquées par des éclairs de reconnaissance, quand le monde en tant qu’image a correspondu à une chose à demi remémorée, insaisissable mais insistante. Ces images somptueuses sont remplies de choses à regarder : paysages, chemins, enseignes, banlieues, intérieurs, tissus et visages. Mais elles donnent une sensation tout aussi forte de vacuité de ce monde mi-factuel mi-fictionnel. Chaque image est une plénitude et une insuffisance. Malgré la débauche des couleurs, malgré l’épaisseur des atmosphères, Hido manifeste l’économie d’un artiste minimal…
Maintes images de Hido articulent cette dualité : le rétrospectif et le prospectif. Le fait et le souhait. La présence et le possible. Sa déclaration – « Je photographie comme un documentariste, mais je fais mes tirages comme un peintre ». C’est un équilibre permanent : éviter la sentimentalité de « ce qui fut » et le mélodrame bon marché de la fiction populaire».