« Trois histoires iraniennes » interroge l’Iran d’aujourd’hui par un jeu de dialogues et de confrontations entre les oeuvres de trois photographes contemporains. Trois regards racontent, à travers trois approches différentes, l’histoire d’un pays au visage multiple et complexe.
L’Iran d’aujourd’hui est le fruit d’une civilisation millénaire, de traditions ancestrales mais aussi de l’histoire récente : la révolution islamique, la guerre avec l’Irak, la « révolte verte ». Entre périodes d’ouverture et de censure, les artistes iraniens trouvent grâce au medium photographique un espace de liberté et d’expression qui passe essentiellement par la métaphore et l’allégorie. La photographie devient, comme la poésie, un moyen de contourner la répression.
Avec « The exit of Shirin and Farhad », Babak Kazemi offre une écriture moderne de l’un des plus grands textes classiques de la culture persane, « Shirin et Farhad » du poète Nezami Ganjavi (1175). Revisiter cette histoire d’amour patrimoniale par la photographie est un moyen détourné pour l’artiste d’évoquer les luttes actuelles de ceux qui doivent s’exiler pour retrouver l’amour et la liberté.
« The Thin Line » de Morvarid K explore les frontières qui séparent deux mondes, deux cultures, deux imaginaires. La superposition de deux photographies, une prise en Iran, l’autre ailleurs, fait advenir une troisième réalité, celle des hommes et des femmes qui comme l’artiste elle-même, sont habités par différentes cultures. Ces images d’une grande poésie font affleurer l’invisible, l’absence, cette part manquante qui traverse toute quête identitaire.
Pour « Iranian families », Mohsen Rastani a sillonné le pays durant quinze ans pour rassembler ces portraits de familles iraniennes. La toile de fond blanche utilisée par le photographe pour faire poser ses sujets est un élément essentiel de sa démarche. Ces personnages anonymes sont érigés en icônes, la composition monumentale de l’œuvre leur insuffle une grandeur héroïque, mythique.
Qu’elles touchent à l’intime ou au collectif, les œuvres rassemblées à l’occasion de cette exposition sont toutes imprégnées d’une vision plastique et d’une forte charge poétique. La culture iranienne est en effet ancrée depuis des millénaires dans la poésie, qui s’exprime aujourd’hui en Iran à travers tous les arts visuels.